L’année 2020 restera pour longtemps celle qui a nous confronté aux interdits que l’on ne connaissait pas. Nos sociétés, jusqu’alors en perpétuel mouvement, pensant déjà à demain avant même d’en avoir fini avec aujourd’hui, se sont vues stopper net dans cette folle course en avant qui rythme nos quotidiens.
Ce coup d’arrêt brutal, je l’ai vécu le 14 mars 2020 quand du côté de Beaune, un peu avant 22h, Luc Royer, pionnier des évènements de « Grand Cyclisme » nous adressait un SMS en nous demandant de stopper notre course folle vers Calais. Nous étions partis la veille, un vendredi 13… Chacun voulait se montrer confiant et serein même si l’on redoutait le pire. Certes, il était acquis que la Blue Train Historic Race s’achèverait à Calais à défaut de Londres mais une certaine euphorie régnait quelques heures avant le départ aux abords du Carlton à Cannes.
C’est un peu hors du temps que nous avions effectué près de 600 km en compagnie de Thomas Dupin, Joachim Mendler, Pierre-Arnaud Le Magnan et Jean-Lin Spriet. Une seconde nuit de vélo nous attendait alors que les premiers contreforts du Morvan s’annonçaient.
Incrédules, nous mettons pied à terre pour essayer de comprendre. La réalité de la pandémie que nous fuyions depuis le départ venait de nous rattraper.
Ce 14 mars 2020 mettait un coup d’arrêt à une saison 2020 prometteuse alors même qu’elle commençait tout juste. Passés les premiers jours à la recherche de repères perdus, j’ai, comme beaucoup d’autres, cherché à trouver de nouvelles sources de motivation pour traverser au mieux cet épisode inédit où nos vies se figent soudainement, où notre horizon est limité à 1 km.
Croire en des jours meilleurs, « ne rien lâcher » pour savourer le retour à l’air libre, voilà ce qui m’a conduit à explorer des territoires inconnus, virtuels quant à leurs tracés, mais bien réels quant à leurs spécificités. Moi qui ne savait à peine ce que signifiait « FTP », j’ai découvert, grâce au confinement, tout l’intérêt et le bénéfice d’une approche rigoureuse et méthodique de l’entraînement. Car oui, je dois bien l’avouer, jusqu’à ce mois de mars 2020, je ne m’entrainais pas, je me contentais d’entretenir ma condition sans sortir d’une zone de confort dans laquelle j’évoluais depuis de nombreuses années.
Je me suis donc appliqué à suivre, pour la première fois depuis que je fais du vélo, un véritable plan d’entraînement. Les premières semaines furent difficiles, les séances spécifiques très éloignés de mes sorties au long cours, menées sur un rythme régulier. En perte de repères, j’ai douté de l’intérêt à me contenter de séances quotidiennes de 1h à 1h30 alors qu’auparavant, mes semaines se résumaient à une « grosse » sortie le week-end, de 200 à 300 km et d’une plus modeste en guise de récupération.
Force est pourtant de constater que pour « performer » sur du long, les heures utiles sont préférables aux kilomètres inutiles.
A suivre…