9 août 2022 – 9 décembre 2022, 4 mois se sont écoulés depuis ma chute sur le BikingMan Origine AURA et ma fracture du fémur. 4 mois au cours desquels j’ai progressivement retrouvé la quasi totalité de mes aptitudes. Quelques douleurs et une raideur musculaire quotidiennes me rappellent encore le traumatisme post opératoire mais dans l’ensemble, je suis plus que satisfait du déroulement de ma convalescence.
Résolument confiant et volontaire, ces 4 mois seront finalement passés relativement vite. Mes progrès ont été constants et réguliers, sans aucune période de doute et sans jamais avoir l’impression de plafonner. J’ai vécu ces 4 mois comme une sorte de course à étape, franchissant victorieusement chacune d’elle sans avoir le sentiment de subir cette épreuve à laquelle je ne m’étais nullement préparé.
La première semaine, à l’hôpital de Roanne, aura été la plus délicate à appréhender à cause des douleurs et de la perte de mobilité qui m’a rendu dépendant durant quelques jours pour les gestes du quotidien.
Le 13 août, j’écrivais ceci sur Facebook :
J+4, mode tortue activé.
Facebook 13 août 2022
Voilà désormais 4 jours que je vis à un rythme d’une extrême lenteur, bien loin de l’intense activité qui remplit d’ordinaire mon quotidien. Chaque geste, chaque mouvement me demande un temps incroyable à commencer par sortir du lit pour m’asseoir sur un fauteuil.
Les gestes sont hésitant, manquent d’assurance, les crispations intenses. La machine semble verrouillée, extrêmement tendue et certaines commandes que le cerveau envoie se perdent avant d’arriver jusqu’à ma jambe blessée. Je finis malgré tout par trouver des petites combines pour améliorer les choses : faire levier avec le pied de la jambe valide pour faciliter le déplacement de l’autre, passer ma serviette de table sous le genou pour la soulever…
L’ingéniosité est en marche ! Et la satisfaction de se tirer d’affaire suffit à mon bonheur. Car oui ce n’est pas simple, certaines douleurs sur un faux mouvement m’arrachent des grimaces, parfois des cris mais chaque jour qui passe m’apporte du positif, me rend plus fort, plus volontaire.
Je prends conscience qu’il y a 60 secondes dans une minute et je peux vous assurer que 60 secondes c’est très long lorsque l’on est diminué, rien à voir avec 1 minute pour quelqu’un de valide.
L’important est d’avancer, qu’importe la vitesse, et de parvenir à atteindre l’objectif que l’on se fixe. Je garde le cap et laisse le temps faire son œuvre.
2 jours après mon opération j’ai débuté les séances de kiné et entamé le travail de rééducation. Ma grande satisfaction a été de pouvoir me remettre debout très rapidement et de me passer d’un fauteuil roulant. A l’aide d’un déambulateur puis avec des béquilles, j’ai pu commencer à faire quelques pas dans la couloir à partir du 4e jour. Mais quelle débauche d’énergie pour faire quelques mètres seulement !
J’ai rapidement compris qu’il faudrait faire preuve de patience et je n’ai jamais cédé à la démobilisation. Chaque jour qui passait m’apportait une petite satisfaction : aller au bout du couloir et revenir sans être obligé de faire une pause, prendre l’ascenseur, allé dans le hall d’entrée de l’hôpital, prendre un café à la cafétéria… Autant de petites victoires qui suffisaient à me rendre heureux et toujours plus volontaire.
Un rééducation active
Le 18 août je quittais l’hôpital de Roanne pour rejoindre le SAFRAN à Valence et débuter une nouvelle étape dans le processus de rééducation.
Me voilà installé dans mes nouveaux quartiers au SAFRAN à Valence où je vais séjourner 3 semaines pour effectuer une solide ré éducation avec l’aide d’une équipe pluridisciplinaire spécialisée. Le site est équipé d’une balnéothérapie et d’un grand plateau technique qui n’a rien à envier aux salles de sport : tapis de marche, de course à pieds, appareils de musculation et bien entendu vélos !
Facebook 18 août 2022
C’est un peu comme le début d’une épreuve longue distance, il va falloir gérer au mieux pour aller au bout et décrocher la médaille du finisher qui m’ouvrira les portes du retour à une vie normale !
Les 4 semaines passées au SAFRAN ont été particulièrement bénéfiques grâce à la qualité du travail effectué avec une équipe attentive et attentionnée. En 4 semaines mes progrès ont été significatifs comme en témoigne les résultats du test de marche.
Au lendemain de mon arrivée au SAFRAN, je parcourais 164 m en 6 minutes. Le 8 septembre, j’atteignais 440 m ! Au cours des 2 dernières semaines, je marchais en moyenne 7 à 8 kms par jour (dans un périmètre limité autour du centre).
10 septembre, on remonte en selle !
Les tensions musculaires importantes au niveau périarticulaires de la hanche gauche se sont progressivement résolues et j’ai retrouvé une mobilité articulaire suffisante pour remonter (enfin !) sur un vélo le 10 septembre soit 1 mois après la chute. Une reprise en douceur évidemment, sur un vélo d’intérieur. J’ai tourné les jambes durant 10 minutes à 35 watts, loin, très loin de ce que j’avais l’habitude de faire. Mais qu’importe, le fait de remonter sur une selle, de pouvoir tourner les jambes presque normalement a été un pur bonheur.
Le plus difficile a été de reprendre confiance sur cette jambe gauche blessée et éviter de voir s’installer des attitudes « parasites » pour déjouer la peur d’avoir mal qui finissent par ne plus disparaître. Le cerveau est ainsi fait. Car c’est avant tout de blocages psychologiques dont il s’agit.
Je me souviens de toute la difficulté que j’éprouvais à lever la jambe droite pour être en appui sur la jambe gauche alors qu’il n’y avait aucun risque qu’elle ne tienne pas la charge ou que le clou gamma désormais planté dans mon fémur ne lâche ! Comme dans tout apprentissage il faut répéter, répéter et encore répéter, prendre confiance en soi et faire les choses sans même y penser. Cela peut prendre du temps mais tous les efforts finissent par être récompensés et jour après jour j’ai pu noter des signaux positifs synonymes d’une progression constante notamment en termes de mobilité.
Ma première autorisation de sortie pour le week-end du 4 septembre a été ma première victoire. Retrouver la maison m’a fait le plus grand bien même si ce retour temporaire m’a aussi fait prendre conscience de mes limites du moment. Depuis ma chute, je n’avais évolué que dans un univers totalement adapté et là, je me retrouvais face aux mille et un obstacles d’un maison conçue pour des valides ! J’ai ressenti la débauche d’énergie que j’ai déployée pendant ce premier week-end de liberté dès le lendemain au SAFRAN. Le seul véritable « coup de mou » de ces 4 mois de convalescence. Mais cela n’a pas duré et j’ai rapidement retrouvé la dynamique qui me portait depuis mon arrivée au centre de rééducation.
Apprendre à être à l’écoute de son corps
Les 4 semaines passées au SAFRAN m’ont énormément appris sur moi-même, sur la manière dont le corps réagit et se reconstruit. Etant d’ordinaire quelqu’un qui aime se projeter, prévoir souvent bien plus de choses que le temps ne me le permet, j’ai appris à vivre au jour le jour, à être à l’écoute de mon corps, à me satisfaire du moment présent sans penser au lendemain, encore moins au surlendemain…
J’ai aussi et surtout appris à prendre le temps de ne rien faire, un privilège devenu rare et précieux, un remède à beaucoup de maux.
Ma convalescence au SAFRAN s’est achevée le 15 septembre. Au cours de mon séjour j’ai pu mesurer ce que signifiait de vivre avec un handicap en ayant la « chance » que cela ne soit que temporaire contrairement à d’autres que j’ai pu côtoyer. J’ai pu également mesurer le formidable travail de celles et ceux que l’on a tant applaudi au cours du premier confinement avant de les oublier quelque peu alors qu’ils méritent pourtant une ovation permanente. Je n’oublierai jamais leur gentillesse, leur disponibilité, leur sourire et leur bienveillance. Je les en remercie du fond du cœur.
Le long cheminement dans lequel je me suis engagé au lendemain de ma chute ne s’arrêtait pas pour autant en quittant le SAFRAN. Il marquait simplement la fin d’une étape importante dans mon retour à une vie normale. Une étape difficile et d’une richesse inouïe s’achevant victorieusement.
Les hommes pensent que le bonheur se trouve au sommet de la montagne alors qu’il réside dans la façon de la gravir.
Confucius
Retour progressif à la normale
C’est forcément avec beaucoup de plaisir que j’ai retrouvé définitivement la maison et ma petite famille le 15 septembre. Depuis ma permission du 4 septembre les choses se sont nettement améliorées mais il reste encore du travail pour abandonner la dernière béquille qui me sert d’appui, retrouver de la force dans la jambe gauche et poursuivre l’amélioration de la flexion de la hanche. Ce travail va s’effectuer à raison de 3 séances de kiné par semaine avant de passer à 2 au cours du mois d’octobre puis à 1 comme c’est le cas à la date où j’écris ces lignes.
Afin de pouvoir compléter les séances de kiné, je me suis équipé d’un vélo de fitness ne nécessitant pas de passer la jambe au dessus de la selle pour y monter dessus étant encore incapable d’effectuer un tel mouvement à ma sortie du SAFRAN.
Le 18 septembre j’effectuais ainsi mon grand retour sur Zwift ! Dans les jours suivants, je passais de 30 minutes à 1 heure d’effort avant de réaliser un test concluant de 2 heures le 24 septembre.
Au final, le mois de septembre s’achèvera sur un total de 475 kms à raison de séance d’une heure quasi quotidiennement.
Octobre – novembre tout s’accélère !
Combinant activement séances de kiné et séances sur Zwift, le mois d’octobre va passer à vitesse grand V marquant ainsi une très nette amélioration tant sur le vélo qu’à pied comme en témoigne la belle randonnée de près de 10 kms sur les sentiers escarpés de l’île de Porquerolles avec Delphine. Malgré l’utilisation toujours nécessaire d’une béquille, j’ai pu savourer cette escapade sans trop de gêne au niveau musculaire. Le début du retour à une vie normale !
Octobre est aussi le mois de ma remontée sur un « vrai » vélo, un gravel en l’occurrence avec mes amis Couxois à l’occasion d’une sortie inter-club avec les voisins drômois de Pierrelatte. J’ai pris soin de partir seul à leur rencontre afin de reprendre mes marques car je ne savais pas trop comment j’allais appréhender cette reprise. Ce ne fut pas inutile car les premiers coûts de pédales ne furent pas des plus assurés avec une étrange sensation de manquer d’équilibre et la crainte de voir ma roue avant se dérober à chaque virage ou à chaque passage sur des graviers. Mais progressivement, cette appréhension s’est effacée laissant place au bonheur de pouvoir réenfourcher un vélo. Au final, cette reprise affichera un kilométrage de plus de 100 kms, bien au delà de mes espérances !
Une première sortie encourageante qui m’a permis de mesurer tout le bénéfice du solide et actif travail effectué avec mon kiné qui est passé progressivement de 3 à 1 séance par semaine de la mi-septembre à décembre. Ce travail a tout d’abord porté sur l’amélioration de la mobilité et de la flexion au niveau de la hanche ainsi que sur l’équilibre et la stabilité des appuis. Le renforcement musculaire a ensuite pu débuter avant que l’on ne passe aux sauts et aux réceptions sur la jambe blessée. Le clou gamma enfoncé dans mon fémur tient bien !
Résilience…
Me voici quasiment à la fin d’une convalescence qui aura duré 4 mois (un bilan est prévu le 2 janvier 2023). J’ai la sensation d’avoir traversé cette période de manière particulièrement sereine et sans pression. Le principal objectif étant de suivre le protocole établi au centre de rééducation à Valence puis par mon kiné une fois rentré à la maison.
J’ai eu la satisfaction de n’avoir ni coup d’arrêt ni passage difficile. Tout c’est déroulé d’une manière extrêmement linéaire. Chaque semaine j’observais des améliorations et si aujourd’hui encore quelques petites douleurs se manifestent, j’estime avoir récupéré à 95% pour les gestes du quotidien et à 99% pour la pratique du vélo où j’ai même le sentiment d’avoir un meilleur coup de pédale avec la jambe blessée qu’avec la jambe valide !
Une fracture du fémur occasionne bien entendu d’importants traumatismes mais la patience, la confiance et la volonté sont les principaux remèdes d’une convalescence certes longue mais qui permet de mesurer toute la magie de la régénération du corps humain. Une « magie » qui opère d’autant plus que l’on dispose d’une bonne hygiène de vie et d’une bonne condition physique.
En guise de conclusion, je dirai qu’il est essentiel de tourner très rapidement la page de l’accident pour se concentrer au plus vite sur sa convalescence et ne pas la subir mais au contraire, la vivre activement et en faire une expérience positive. Inutile de revenir sur les circonstances de la chute, inutile de se poser mille et une questions, inutile d’avoir à l’esprit le fameux « et si… ».
Le passé appartient au passé et le futur se construit chaque jour. Je suis convaincu que la dynamique positive que j’ai résolument adoptée immédiatement après ma chute m’aura permis de traverser ces quelques mois avec sérénité, calme et confiance. Au cours de ma convalescence, 2 personnes ont énormément compté et m’ont grandement aidé à surmonter cette période et à l’aborder avec autant de résilience. Je les en remercie chaleureusement avec une profonde admiration.
A Dom et à Silke.
Bravo et respect pout ton parcours de récupération, c’est après ce type d’accident que l’on se rend compte de la chance et de la fragilité de ce que l’on appelle « avoir la santé ». Profitons de ces instants où l’on peut se mouvoir sans y penser et sans douleurs. Je te souaite de passer de bonnes fêtes de fin d’année et peut être que l’on se croisera sur les routes en 2023.
Si l’expérience ne devait servir qu’à soit même, nous serions les plus à plaindre des humains. Le partage et l’enrichissement de l’autre au travers de ce que l’on a vécu est ce qui fait de nous des êtres à part dans l’univers. Pour ma part je n’ai absolument rien fait d’extraordinaire si ce n’est que de te parler de mon vécu pour que le tiens soit meilleur ou du moins plus doux…
Silke a dû t’apporter encore autre chose mais le principale est que tu t’en sorte bien.
Merci pour cet hommage que tu nous fais.
Dom.