BikingCrash

D’ordinaire, je partage ici le récit de quelques unes de mes belles aventures à vélo où tout semble parfois, si léger, si simple, si facile, que l’on oublie qu’il suffit d’une anicroche pour dérégler une partition parfaitement orchestrée. Il y a toujours une part de risque, quelque soit le sport que l’on pratique, et à vélo, le risque d’une chute ne peut être ignoré même si l’on pense toujours compter sur une bonne étoile. Il suffit de peu de chose pour qu’en l’espace de quelques fractions de secondes tout s’écroule et brise net une aventure promise à de beaux souvenirs.

Partir l’esprit tranquille

Ce lundi 8 août, lorsque je m’élance de Beaumont les Valences pour les 1000 kms du BikingMan Origine AURA, je me sens léger, détendu et heureux de repartir sur un format d’épreuve que j’ai découvert fin juin à l’occasion du BikingMan Origine France et qui m’a particulièrement séduit. J’ai retrouvé avec bonheur l’équipe de Axel Carion et les fameux (et précieux) race angels ainsi que nombreux habitués de ce type d’épreuve.

Je n’ai pas vraiment d’objectif comme j’aime à le répéter si ce n’est prendre du plaisir et donner le meilleur de moi-même en gérant au mieux les difficultés qui vont se présenter sous les roues de mon fidèle Axxome GTR Evo Ultra. Si je boucle l’épreuve entre 50 et 55 heures, je serai largement satisfait.

Un départ en fanfare

Je m’élance à 5h dans la même vague que mon collègue du Team Cyclosportissimo, Rémi Borrion. Rémi c’est du solide, preuve en est sa victoire en 2021 sur le BikingMan France.

Même si le drafting n’est pas autorisé, je sais que tant que je vois son feu arrière, j’ai un bon lièvre devant moi ! Sur un début de parcours sans difficulté jusqu’au col du Serre de Mûre, je me plaît même parfois à passer devant mon lièvre ! Les jambes tournent bien et je compte sur le Serre de Mûre pour voir comment je vais me situer vis à vis de Rémi. Ce col que je le connais parfaitement pour y avoir notamment réalisé un Everesting en 2020. Rémi prend quelques longueurs d’avance dès le pied, là où les pourcentages sont les plus forts. Je ne m’affole pas d’autant que je pensais bien que son feu arrière allait irrémédiablement s’éloigner de ma vue. Je prends donc un rythme qui me convient et commence à rattraper les concurrents partis devant nous. Le feu arrière de Rémi est toujours là, à quelques encablures. J’ai même l’impression qu’il se rapproche à nouveau. Je garde mon rythme et ne cherche pas à hausser le ton pour autant. Je passe sans encombre les 2 premiers kilomètres et profite du relatif replat qui suit pour relancer l’allure.

A ma grande surprise, je suis revenu sur Rémi qui repasse derrière moi. Devant, il y a encore 2 concurrents partis dans la première vague, Yohann Rigoulay et François Weichert. Nous allons basculer ensemble au sommet du Serre de Mûre et enchaîner avec l’interminable route qui conduit aux Nonières avant de bénéficier d’un peu de répit jusqu’au Cheylard. Je me surprends à éprouver d’aussi bonnes sensations et fait en sorte de ne pas me livrer à fond car la route est encore longue, très longue même !

A l’approche de Saint Martin de Valamas, un concurrent revenu de l’arrière nous passe sur un rythme soutenu. Il s’agit de Yoan Dercourt, un sacré « client », vainqueur en juin dernier de la Hope 1000 , une épreuve VTT en autonomie de 1000 kms et 20 000 m de D+ du lac de Constance au lac Léman. Je le laisse passer et prendre quelques mètres avant de relancer l’allure pour revenir quasiment dans sa roue. Son rythme est toutefois trop élevé pour moi et je reprends mon rythme de croisière alors que la montée vers le Gerbier de Joncs se profile. C’est une montée que je connais bien également, sans forts pourcentages, relativement régulière et qui me convient bien. Yoan se détache de manière irréversible et Rémi, un temps décroché, revient sur moi et nous basculons ensemble vers Sainte Eulalie. Les positions commencent à se stabiliser.

Trio infernal

Alors que l’on approche du col de la Chavade, la silhouette de Yoan refait son apparition. Surprenant car il semblait être parti pour creuser irrémédiablement l’écart. Nous sommes au kilomètre 125 et commence alors une chevauchée à 3 qui va nous mener jusqu’au CP1 au kilomètre 270.

Pendant 150 kilomètres, nous allons progresser sur un rythme soutenu au risque peut-être d’en faire trop. Chaque bosse est l’occasion de tester la résistance de l’autre comme si nous disputions une cyclosportive. Me retrouver ainsi à l’avant est assez nouveau pour moi car jusqu’à cette saison, j’avais tendance à rester toujours sur la réserve, sans me livrer totalement. Mais depuis l’Ardèchoise Ultra et plus encore le BikingMan France j’ai acquis une nouvelle confiance en moi et je me livre davantage. Je dois en grande partie cela aux 2 dernières années au cours desquelles, suite au premier confinement, j’ai découvert Zwift. Ceci m’a amené à revoir complétement ma pratique en « travaillant » dans des niveaux d’intensité que j’évitais bien souvent d’aller explorer ! Les watts sont devenus de précieux indicateurs alors qu’avant, je me contentais d’aligner des kilomètres. J’ai conservé un volume kilométrique hebdomadaire équivalent mais désormais composé de séances quotidiennes de courtes durées pour du travail spécifique.

Si jouer les premiers rôles est nouveau pour moi, je n’oublie pas pour autant qu’il faut savoir raison garder et gérer ses efforts. C’est la raison pour laquelle, je laisserai volontairement repartir Rémi et Joan du CP1 pour me remettre en route à mon tour, seul, et ainsi prendre un rythme de croisière sans être tenté de me caler sur le leur.

Jusque là, je n’avais fait que 2 arrêts depuis le départ. Le premier à Saint Etienne de Lugdarès pour refaire le plein d’eau et le second, quelques kilomètres après Saugues dans un bistrot improbable, tenu par une vieille dame d’un âge certain. Depuis des kilomètres j’attendais le moindre village ou hameau dans l’espoir d’y trouver une fontaine mais en vain.

Axel Carion nous avait prévenu : l’eau sera votre principale quête. Cela c’est vérifié dans les quelques (très rares !) localités traversées.

Les bidons à nouveau pleins et un Coca servi à température ambiante avalé en moins de 2, nous reprenons notre route avec Joan alors que Rémi avait poursuivi la sienne sans arrêter. Nous le retrouverons quelques kilomètres plus loin à l’approche de Saint Flour où nous montons bon train jusqu’à la ville haute. Le CP1 n’est désormais plus très loin mais il reste encore 2 belles difficultés qui me poussent à piocher dans mes réserves pour garder le contact avec Joan. Finalement, notre trio se reforme et c’est ensemble que nous nous présentons à ce premier point de contrôle où j’ai le plaisir de retrouver mon ami Jacquot ainsi qu’une partie de l’équipe du BikingMan.

Reprendre son rythme

Je me pose pour la première fois depuis le départ après 270 kms rondement menés les traits tirés et marqués par la chaleur et les efforts fournis. Quelques minutes me seront nécessaires pour me refaire un peu la cerise et me digérer vers l’auberge située à côté du point de contrôle où nous attends un solide plat de lentilles saucisses ! Les discussions vont bon train et cette pause m’offre une belle parenthèse amicale et chaleureuse que j’apprécie par dessus tout. Au bout de 45 minutes, il est temps de repartir alors que Joan et Rémi sont déjà remonté en selle quelques minutes avant et que nos « poursuivants » arrivent à leur tout au CP1.

Je repars donc seul et à mon rythme avec le Pas de Peyrol en point de mire. Je n’ai grimpé ce col qu’une seule fois mais j’en garde un formidable souvenir au point d’en faire mon ascension préférée de l’Auvergne. La pause au CP1 m’a fait du bien et je progresse sur un bon tempo, nullement marqué par les efforts de la journée. J’éprouve un sentiment de liberté euphorisant. A la sortie de Murat, la route se redresse pour mener au col d’Entremont avant de redescendre sur Dienne qui marque le début de l’ascension, en douceur, du Pas de Peyrol.

J’ai retrouvé cette bulle dans laquelle j’aime m’installer. Je ne me soucis nullement de savoir où Rémi et Joan se situent, je ne pense qu’à moi et à moi seul.

Un sentiment de bien être difficile à décrire tant que l’on ne l’a pas vécu, l’impression d’être seul au monde, loin de tout, libéré de toute contrainte. L’ivresse de d’un égoïsme parfaitement assumé…

Tout au long de l’ascension je continue à éprouver de bonnes sensations, grimpant sur un rythme régulier et relançant sans peine en danseuse. La température est désormais agréable et je commence à me projeter vers la première de nuit de ce BikingMan AURA engagé de la plus belle des manières.

A l’approche du sommet, Cédric, photographe du BikingMan, appareil en mains, me suit sur quelques mètres puis c’est Axel qui m’adresse ses encouragements alors que je suis sur le point de franchir le Pas de Peyrol où, emporter par une sorte d’euphorie, je bascule immédiatement dans la descente n’éprouvant aucunement le besoin de m’arrêter. La présence de gravillons sur les 4 derniers kilomètres nous amène à faire un petit détour via le col de Néronne pour ensuite rejoindre la trace officielle au Falgoux où une belle fontaine nous attend sur la gauche de la route. Je trempe mes avants bras, m’asperge le visage, me mouille les cuisses et avale un bidon quasiment d’une traite !

Au moment où je m’apprête à repartir, j’aperçois un cycliste qui semble arriver par la route gravillonnée. Je repars sans l’attendre pensant que tous les participants du BikingMan vont emprunter l’itinéraire recommandé par Axel lors du briefing.

Je me retourne malgré tout pour voir ce que devient cet inconnu et je le vois me faire des signes alors qu’il est à son tour arrivé à la fontaine de Falgoux. Je poursuis néanmoins ma route et m’engage dans la montée du col d’Aulac au cours de laquelle je me retourne régulièrement pour voir si je suis suivi ! Et je le suis bel et bien ce qui me redonne un peu d’énergie pour ne pas me faire rattraper avant le passage au sommet de cette difficulté qui s’élève au dessus de la vallée du Mars. Je maintiens quelques centaines de mètres sur mon poursuivant inconnu et je me laisse glisser dans la descente afin de le laisser me rejoindre.

A ma grande surprise, il s’agit de Bruno Saulet, auteur d’un beau rapproché. Nous échangeons quelques mots sur le déroulement de la course et nous poursuivons ensemble notre route sur un profil descendant pendant plusieurs kilomètres en direction de Riom-es-Montagnes où un vent légèrement défavorable ne nous permet pas de profiter d’un réel moment de répit. Quelques kilomètres après Riom-es-Montagne, Bruno n’est plus dans ma roue et je reprends ma marche solitaire jusqu’au pied d’une nouvelle difficulté au sommet de laquelle je retrouve Rémi qui m’avoue ne pas avoir bien digéré le plat de lentilles saucisses du CP1 ! Seul Joan est désormais devant nous alors que le jour commence à décroitre progressivement.

Avant de rejoindre Rémi, je craignais de m’être mis dans un faux rythme laissant ainsi le champ libre à mes 2 compagnons de route de la journée. Me voilà re-boosté à l’idée d’être à nouveau en mesure de jouer les premiers rôles. Je relance alors énergiquement l’allure et me met en tête d’aller chercher Joan ! Pendant plusieurs kilomètres, nous évoluons sur un vaste plateau d’où émergent de nombreuses éoliennes. La nuit ne va pas tarder à arriver et j’ai l’impression d’avoir des ailes tellement les pédales me paraissent si légères. J’éprouve une euphorie inouïe alors que le cap des 400 kms est sur le point d’être franchi. Issoire se rapproche et j’espère y trouver de l’eau pour refaire le plein avant de partir à l’assaut des Monts du Forez qui vont nous occuper une partie de la nuit !

La quête nocturne de l’eau

Je traverse Issoire sans y trouver la fontaine tant attendue et commence à gamberger un peu compte tenu de l’état de mes bidons. Mon rythme a très nettement baissé d’intensité et je laisse Rémi s’éloigner progressivement jusqu’à ne plus apercevoir la lumière de son feu arrière. Je guète désormais le moindre village dans l’espoir d’y trouver un point d’eau. En vain. L’euphorie qui m’accompagnait au milieu des champs d’éoliennes au dessus de Issoire est désormais bien loin. Pendant plusieurs kilomètres j’ai le sentiment d’être au ralenti, rongé par ce besoin de trouver de l’eau. J’essaie de me reprendre et de me relancer pour ne pas perdre trop de temps sur Rémi mais je sens que je n’ai plus cette énergie grisante qui m’a accompagné toute la journée. Le doute finit par s’installer. Et si je commençais à payer les efforts consentis jusqu’ici ? Je me refuse pourtant à penser de n’avoir pas suffisamment géré ma progression. Je me connais trop pour tomber dans ce piège et je sais dans le même temps que sur une épreuve ultra, on connaît forcément des passages à vide. Celui-ci en est un, à moi de le gérer au mieux.

Ces quelques moments de doute vont rapidement disparaître à la faveur d’un changement radical du profil. Un brusque changement de direction et la route se fait très étroite et se redresse sensiblement. Pas le choix que de se hisser sur les pédales pour affronter des pourcentages qui ne cessent d’augmenter. Les jambes répondent immédiatement et très rapidement, je retrouve de bonnes sensations malgré la rudesse de la pente qui se prolonge. L’équipe du BikingMan est postée à mi-pente de ce raidard digne de ceux qui jalonnent Liège Bastogne Liège, l’occasion d’un rapide échange pour leur indiquer que tout va bien si ce n’est cette quête d’eau toujours non résolue…

Quelques kilomètres après ce coriace raidillon, je traverse un hameau où j’aperçois quelqu’un penché à la fenêtre pour refermer les volets. Je me dis que c’est là mais dernière chance de trouver de l’eau. Je coupe ma frontale et en arrivant à la hauteur de cette maison et je me hasarde à adresser un « Bonsoir » et quelques secondes après une voie me répond « Mais c’est bien tard pour faire du vélo ! » Le contact est établi ! J’expose rapidement ma situation à cette sympathique personne à qui je tends ensuite mes 2 bidons pour qu’elle puisse me les remplir. Très gentiment, la dame me demande si je ne veux rien d’autre et me propose même de rentrer pour me reposer un peu ! Inutile, j’ai encore un peu de route à faire !

Il est aux alentours de 00h30, me voilà rassuré pour la suite. La nuit n’est pas très fraîche mais aux environs de 2h30 du matin, je finis par m’arrêter pour enfiler un maillot manches longues. L’endroit étant bien abrité et à l’écart de la route sur une sorte de petite place, je décide de m’accorder une micro-pause de 15 minutes afin d’anticiper les premiers signes d’un manque de sommeil pouvant survenir à tout instant. Au bout de quelques minutes, le bruit d’une roue libre me tire de la somnolence dans laquelle j’avais basculée. C’est forcément un concurrent du BikingMan et j’apprendrai plus tard qu’il s’agissait de Yoan. J’hésite à prolonger ma pause pour terminer ma micro-sieste mais je finis par me décider à repartir car le sommeil n’est pas vraiment au rendez-vous.

Quand tout bascule

Me voilà donc à nouveau en selle avec comme objectif d’aller chercher le concurrent que j’ai vu passer lors de mon arrêt tout en commençant à me projeter sur l’épouvantail qui m’attend d’ici le milieu de la matinée : le Grand Colombier. Mais avant cela, il faut en finir avec la traversée du Forez alors que le cap des 500 kms et des 24 heures de course approchent. Comme souvent au cœur de la nuit, j’ai le sentiment d’être passé en mode pilotage automatique évoluant au gré des indications de mon GPS sans réellement savoir où je me situe. Rouler de nuit procure des sensations uniques, quasi féériques.

Dans la traversée d’un petit village, Grézolles, à une trentaine de kilomètres au sud de Roanne, mon GPS m’indique de tourner à gauche et au même moment, j’aperçois l’entrée d’un chemin. Dans une précipitation que je n’explique pas vraiment, je change brusquement de direction pour m’y engager. Tout semble s’accélérer. Je me rends immédiatement compte que je ne suis plus sur une route mais sur un chemin en dévers sableux et je m’entends encore dire « mais c’est quoi ce bordel !« .

Malgré mes efforts pour rester en selle, je ne peux redresser ma position et m’écrase lourdement au sol.

L’arrêt est brutal et une douleur intense m’empêche de me dégager du vélo. Me voilà au sol incapable de me relever.

Je parviens à saisir mon téléphone et envoie un message sur le groupe WhatsApp du BikingMan pour signaler ma chute puis j’appelle Axel Carion qui ne doit pas être très loin de moi dans le véhicule de la tête de course. J’ai l’espoir que l’on vienne m’aider à me relever pour pouvoir reprendre ma route d’autant qu’en restant immobile, couché sur le côté gauche, la douleur ne me semble pas très intense.

Fin de course…

Axel et Cédric puis Serge arrivent au bout d’une vingtaine de minutes. Je leur explique rapidement la situation et leur demande de m’aider à me dégager de mon vélo et de mes pédales automatiques. A peine Axel commence à me prendre le pied qu’une violente douleur dans la cuisse gauche m’arrache un cri. Ma chute n’est sans doute pas aussi anodine que ce que je pensais et la décision est rapidement prise de prévenir les secours.

A leur arrivée, les pompiers tentent à leur tour de me libérer de mes pédales. En vain. A chaque fois qu’ils me font bouger, je ressens une douleur comme jamais je n’en ai eu. J’ai l’impression que tout commence à vaciller, j’ai froid, je serre les dents, mon visage se crispe. Cela fait bientôt 1 heure que je suis allongé sur le côté avec mon vélo toujours entre les jambes incapable d’effectuer le moindre mouvent au niveau des membres inférieurs sans émettre un cri de douleur.

Les pompiers décident d’appeler un infirmier pour m’administrer de la morphine, seule manière de pouvoir me mettre sur le dos avant de me placer sur un brancard. Je dois donc patienter encore de longues minutes tout en essayant de ne pas penser à cette douleur qui désormais ne m’abandonne plus. Deux injections de morphine seront nécessaires pour permettre aux pompiers de me placer dans l’ambulance. Quasiment 1h30 après ma chute les portes de l’ambulance se referment, j’adresse un dernier signe en guise de remerciement à Axel, Cédric et Serge qui seront restés à mes côtés jusqu’à mon départ pour l’hôpital de Roanne où les radios révèlent une fracture du grand trochanter, extrémité supérieure du fémur. A partir de là c’est le flou total dans ma mémoire. On m’explique que je vais être opéré mais j’ai l’impression d’avoir basculé dans un étrange état second sans prendre toute la mesure de ce qui se passe.

Mardi 9 août, 19h30. J’ouvre les yeux. En face de moi un infirmier en blouse blanche manœuvre le lit sur lequel je suis allongé. Les lumières du plafond défilent comme les bandes blanches d’une route. Il me sourit puis me dit « Alors ça y est, on se réveille ? » avant d’entrer dans une chambre. Je n’ai aucun souvenir de ce qui s’est passé depuis mon arrivée matinale aux urgences. Tout juste quelques images furtives et quelques sons. L’infirmier m’indique que l’opération s’est bien déroulée et que je vais rester quelques jours ici. Me voilà au début d’une nouvelle épreuve, totalement inconnue, n’ayant jusqu’à présent subi aucune intervention chirurgicale ni aucune fracture.

En route pour une longue convalescence

A l’heure où j’achève ce récit, près de 2 mois sont passés. Je consacrerai un prochain billet à cette longue période de convalescence qui n’est pas encore terminée.

Passés les premiers jours douloureux et diminué en termes d’autonomie, je me suis engagé avec détermination sur la voie de la rééducation tout en étant conscient que je partais pour un long cheminement. L’occasion d’apprendre à apprécier le temps, à laisser les heures défiler, parfois au ralenti, libéré d’un stress que l’on se refuse trop souvent de voir pour se l’imposer plus ou moins consciemment.
Ce brutal coup d’arrêt va progressivement se transformer en une expérience personnelle incontestablement enrichissante sur laquelle je reviendrai.

Pour l’heure, je tiens à remercier toutes celles et ceux qui m’ont témoigné de leur soutien. J’ai causé du tracas et privées de vacances Delphine, mon épouse, et Coralie, ma fille. Je m’en veux forcément mais je préfère désormais tourner cette page douloureuse et me projeter vers l’avenir.

On se retrouve en 2023…

Crédit photos : BikingMan

7 comments

  1. merci pour ton récit – je te souhaite un bon rétablissement et beaucoup de courage et volonté pour ta rééducation car ce n’est jamais simple.

  2. Tout est si soudain! On se repasse la bande en vain pour isoler cet instant fugace où tout bascule…bon courage pour la suite de ta rééducation.

  3. Une autre expérience, une autre façon de voir la vie et le vélo mais quoiqu’il en soit tout ce qui ne tue pas rend plus fort…

  4. Salut Patrick,
    Mauvaise nouvelle cette chute. On te souhaite beaucoup de courage pour retrouver tous tes moyens. Pas facile de repartir après ça mais ça le fera certainement.
    En tout cas les cyclos qui te connaissent ici se joignent à moi pour te souhaiter un prompt rétablissement.
    Manu

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