Après quelques sorties d’une quarantaine de kilomètres pour prendre mes marques sur mon Graxx, le gravel de Origine Cycles, je me suis rendu en ce premier week-end de mai dans l’Aude pour prendre part à la première édition de la Gravel Black Mountain. Une randonnée de 110 km pour 2000 m D+ concoctée par mon ami Bertrand Albert de l’association Ride Bike 11 et le club cyclo de Bram.

J’ai partagé ce week-end dans l’Aude avec des « graveleuses » et « graveleux » du Team Cyclosportissimo bien plus aguerris que moi pour se jouer de tous les types de terrain : pistes, sentiers, boue, sable, pierres… Un grand merci à Patricia, Claire, Serge, André et Philippe pour cette très riche expérience ainsi qu’à Bertrand et à ses parents pour leur gentillesse et leur accueil. Amis cyclistes, que vous soyez routiers, graveleux ou VTTistes, l’Aude est incontestablement un terrain de jeu exceptionnel et aux mille facettes. Ce n’est sans doute pas pour rien qu’on l’appelle aussi « La petite France ». Des plaines du Lauraguais à celles du Minervois en passant par la Montagne Noire, les Corbières, le Razès, les Pyrénées Audoises sans oublier le littoral méditerranéen, l’Aude vous surprendra à chaque coup de pédale.
Pour ce week-end des 4 et 5 mai, notre camp de base était situé Cailhau, petit village du massif de la Malepère à une vingtaine de kilomètres de Carcassonne. Nous avons été chaleureusement accueillis au gîte de l’Eliette par Yvette et Louis Albert, les parents de Bertrand, homme orchestre des ces 2 formidables journées.
L’Eliette dispose de tout le confort pour un groupe de cyclistes d’une dizaine de personnes maximum : cuisine équipée, 2 salles de bain, dortoir de 7 couchage en mezzanine, grand salle à manger, chambre pour couple. A 5€ par nuit et par personne, on peut difficilement faire mieux. A bon entendeur !

Confort et convivialité étaient donc réunis pour ce premier rendez-vous gravel que j’allais aborder avec une certaine appréhension malgré des apparences sans doute trompeuses. Pur routier, n’ayant jamais posé mes roues sur d’autre surface que de longs rubans asphaltés, j’étais en proie à de multiples questions sur ce qui j’allais trouver sur mon chemin. En même temps, j’avais hâte d’enfourcher mon Graxx pour partir à la conquête de nouvelles terres inconnues.
Bertrand s’était montré rassurant lorsque je lui avais demandé comme se présentait le parcours qu’il avait tracé avec le plus grand soin. « Tu verras, c’est assez roulant ». A moi d’interpréter cette définition…

Histoire de me mettre en confiance, le départ s’effectue sur mon terrain de prédilection : la route. Je suis forcément à mon aise et me calent dans les premières roues. Mais rapidement, à la faveur d’un léger coup de guidon sur la droite, nous voici en terrain hostile : un chemin fait de pierres, de terres, de racines et d’ornières plus ou moins grandes. J’ai littéralement le sentiment de reculer lorsqu’une vingtaine de furieux me dépassent pour aborder cette première section. Claire qui passe à son tour à ma hauteur ne résiste pas au plaisir de crier « je suis devant le Préz ! ». Un président sur la défensive, tendu comme arc et qui se demande ce qui lui arrive et surtout ce qui va lui arriver car nous avons à peine parcouru 10 des 110 kilomètres au programme !
Je sors de ce premier secteur quelque peu secoué et sans comprendre réellement comment je suis resté sur le vélo. Le doute commence à m’envahir. N’ai-je pas été présomptueux de prendre part à cette équipée sauvage ? Je n’ai pas trop le temps de cogiter car déjà une nouvelle portion gravel s’annonce. J’essaie de l’aborder un peu plus détendu que la précédente. Un peu plus seulement… Je n’arrive pas à me faire aux secousses, aux roues qui tapent les pierres, aux racines et « pilote » mon vélo sans avoir l’impression de le maîtriser réellement. Je réagis encore en routier allant jusqu’à signaler les pierres à ceux qui me suivent avant de me rendre compte de l’irrationalité d’une telle attitude ! Bref, ce n’est pas gagné et la journée s’annonce longue car contrairement à la route, il faudra sans doute compter bien plus de temps qu’à l’accoutumée pour parcourir ces 110 km gravel.

Fort heureusement, le premier tiers affiche un profil essentiellement montant, repoussant un peu loin l’épreuve de la première descente. J’en profite pour écouter les conseils précieux de Bertrand et de Sergio. J’envie leur aisance mais elle me semble hors de portée. J’essaie malgré tout de me relâcher un peu, d’avoir le regard posé un peu plus au dessus de ma roue avant pour mieux anticiper mes trajectoires. Plus facile à dire qu’à faire ! Pour autant, au fil des kilomètres, j’éprouve progressivement un plaisir certain à rouler sur des terrains totalement improbables et à savourer un sentiment de liberté à nul autre pareil. Les kilomètres commencent à défiler plus rapidement et je guette désormais avec davantage d’envie que d’anxiété les sections gravel.
La cabriole de notre ami Dédé, dit Wout Van Pérez, sur un secteur pourtant anodin, me rappelle qu’en gravel il ne faut jamais relâcher son attention et faire preuve d’une vigilance de tous les instants. Remis en selle sans grand dommage après des soins prodigués avec les moyens du bord par Sergio, notre petite équipée reprend sa route.

Le ravitaillement situé à mi-parcours approche et nous voilà désormais enveloppés dans un brouillard particulièrement épais et humide. Tellement épais que nous apercevons à peine le premier des 4 lacs que nous allons longer. A partir de là, le parcours prend des allures de cyclo-cross et à ce petit jeu, Serge fait étale de tout son savoir alors que de mon côté, je suis encore un peu en mode sauve qui peut et ferme la marche à bonne distance des plus agiles.
Puis le moment de vérité arrive avec une première descente pentue, truffée de pierres, de rochers apparents et de profondes veines creusées par des ravinements successifs. J’hésite à m’y engager, je ralentis et finis par mettre pied à terre. La confiance n’est pas encore au rendez-vous et c’est à côté du vélo et en marchant que je passe ce premier obstacle. Plus bas, c’est un franchissement de ruisseau qui me fera à nouveau descendre du vélo mais cette fois, je ne suis pas le seul ! Ouf, l’honneur est sauf.

Le premier ravitaillement permet de souffler un peu et de détendre les bras et les jambes mis à rude épreuve. Ces 50 premiers kilomètres m’ont pratiquement autant éprouvés que 100 kms sur la route. Sans compter que le cardio est nettement plus sollicité pour s’affranchir des nombreux talus aux pourcentages dépassant régulièrement les 10% et même les 15%. Bertrand nous a gâté !

La suite du parcours emprunte une large piste créée pour atteindre un champ d’éoliennes. J’y retrouve mes sensations de routier et prend un vrai plaisir à écraser les pédales. Seuls les virages me ralentissent par manque de confiance en présence de tant de gravier. Au pied de ces éoliennes qui se détachent du brouillard nous trouvons environ 200 jeunes réunis pour une rave party. Notre passage les surprend tout autant que nous sommes nous même surpris de cette rencontre du 3e type.
Je commence petit à petit à me relâcher et j’attends presque avec impatience les prochaines descentes pour continuer à goûter à l’adrénaline. Tout n’est pas encore parfait. Les trajectoires demeurent quelque fois hésitantes mais à ma grande surprise ça passe toujours même si parfois je me demande comment j’ai bien pu m’en sortir !
Après un solide repas au kilomètre 80 nous repartons pour le dernier tronçon. Cette fois je me sens totalement libéré et n’hésite pas à jouer avec le vélo pour passer, ici une branche, là une pierre. Un passage sablonneux va quand même me contraindre à déchausser car ma roue avant s’est littéralement plantée et m’arrête net.

Les derniers kilomètres le long du canal du midi ne seront que du bonheur. Tout ne fut ni simple ni parfait mais j’ai goûté à de nouvelles sensations grisantes. Je ne saurai que trop remercier Serge, Claire, André, Patricia, Philippe et Bertrand pour cette belle aventure que nous avons pu partager avec une mention spéciale bien entendu pour Bertrand, à l’origine de ce parcours subtilement tracé dans une région qui se prête particulièrement à ce type d’exercice.
Tracer un parcours gravel demande en effet un travail beaucoup plus important que pour un parcours routier : trouver le bon équilibre entre sections sur route et portions gravel sans pour autant basculer dans l’univers du VTT. A ce petit jeu, Bertrand a fait preuve de maestria et cette première édition de la Gravel Black Mountain est sans nul doute appelée à devenir une véritable classique du genre.

De gauche à droite : Bertrand Albert, Patricia Berthelier, Patrick Gilles, Philippe Dovergne, André Pérez, Serge Carme, Claire Carme
ça donne envie ton truc !
Quand tu y goûtes dans ces conditions c’est juste magique. Et c’est un bon complément à la route pour travailler le cardio naturellement mais aussi pour améliorer son pilotage. Franchement je suis séduit. Reste à identifier des parcours adaptés en Ardèche sans qu’ils ne soient trop typés VTT.
J’en ai plein ici au besoin et qui passent sans problème puisque je les ais testé pour vous dans un numéro de Top Vélo…
Oui c’est un peu ma réflexion, chez nous je ne suis pas sur que ce soit très adapté … Tu me diras à l’usage