Celui qui n’a jamais goûté à la pratique des longues distances comprend difficilement quel plaisir il y a à rouler des heures et des heures durant, de jour comme nuit, très souvent seul. Et pourtant, s’il savait… S’il savait combien s’engager dans une épreuve telle que ce Born To Ride 2017 libère tout autant l’esprit que le corps et procure une sensation unique de liberté. Tracer sa propre route, dormir ou pas, manger quand on le souhaite, ne dépendre de personne… Avancer fièrement vers une destination finale, un point virtuel sur une carte devenu le Saint Graal à conquérir. Il n’y a rien à gagner dans cette aventure, ou plutôt si, chacun y remporte à sa façon une victoire sur lui-même qui vaut tous les trophées et toutes les récompenses.
Born To Ride n’est ni une course ni une randonnée. C’est avant tout une aventure intérieure et un long cheminement à la découverte de soi. Le vélo n’est finalement qu’un prétexte à cette échappée hors du temps. Born To Ride nous offre un break salutaire à une époque où l’on ne sait plus se satisfaire de peu. Il y a forcément une part d’égocentrisme dans cette attitude où l’on ne pense effectivement qu’à soi, où l’on écoute que son corps et son esprit. En même temps, par la magie des réseaux sociaux à travers lesquels chacun partage son aventure, née une sorte d’altruisme pour qui ne cède pas à la tentation d’un excès de narcissisme. Partager ses émotions pour susciter des envies et permettre à d’autres de se dire « et pourquoi pas moi ? ».
Mais gare à l’illusion des mots car l’esprit filtre habilement les émotions si bien qu’il se dégage souvent des récits d’aventures au long cours une certaine impression de « facilité » toute relative. Il faut savoir faire preuve de sagesse et d’humilité avant de faire le grand saut vers l’inconnu. Plus que tout autre apprentissage, celui qui nous conduit vers la sagesse est un long chemin. On l’aborde avec la fougue de notre jeunesse puis avec les années, les ornières que l’on a appris à franchir sont autant de pièges en moins à éviter. Notre cheminement en devient plus serein, plus raisonné et nous autorise à aller toujours plus loin vers la quête d’un bien être que l’on aurait tort de ne pas partager avec d’autres. Rien n’est simple et rien n’est jamais gagné d’avance. Mais celui qui n’ose pas s’aventurer au delà des sentiers battus passe à côté de tant de petits bonheurs à l’instar de ceux qui ont émaillé ce Born To Ride 2017.
Du Mont Saint Odile au Mont Aigoual, le temps s’est arrêté pendant 67 heures dont 55 passées sur le vélo. Prés de 1200 kilomètres parcourus et à peine 45 minutes de sommeil sous forme de micro-sieste de 10 minutes. Le bilan chiffré laissera sans doute beaucoup de questionnement chez celles et ceux qui ne connaissent pas l’univers de l’ultra-distance. Pour autant, il n’y a là aucun exploit sur-humain, aucune moyenne démentielle et encore moins le besoin de rechercher de la reconnaissance. Ces chiffres reflètent au contraire une parfaite connaissance de soi et une gestion optimisée de ces aptitudes physiques. Certains, plus costauds que moi sont allés plus vite, d’autres moins. Mais qu’importe, chacun savoure à sa manière la même décharge d’adrénaline que procure l’arrivée à bon port. Une décharge d’adrénaline qui s’accompagne d’une profonde émotion. Car oui j’ai pleuré. J’ai pleuré lorsque je suis arrivé face au panneau indiquant « Mont Aigoual 8 km ». Des larmes de bonheur en pensant à tout ce que j’ai pu vivre depuis le départ. Des larmes dont on ne connaît finalement plus trop l’origine tant d’émotions se bousculent et semblent vous libérer d’un poids invisible et vous procurent un ultime sursaut d’énergie. Des dizaines de visages me sont alors passés devant les yeux et presque inconsciemment, j’ai envoyé de la main un baisé vers le ciel à l’attention de tant de personnes disparues qui me sont chères. D’autres ont été mon moteur tout au long de cette folle chevauchée où je n’ai jamais eu la sensation d’être seul alors que j’ai réalisé près des 3/4 du parcours en solitaire, bien à l’abri de cette bulle dans laquelle je me réfugie en pareil cas. Bien plus qu’une aventure sportive, ce Born To Ride aura été l’un des plus beaux cadeaux que l’on pouvait m’offrir. Et je ne saurai que trop remercier Delphine, ma femme, et Coralie, ma fille, de me l’avoir offert.
Je tiens également à dédier ce Born To Ride à Dominique Bard. Le combat qu’il mène depuis tant d’année est bien plus qu’une leçon de courage et dès qu’il le pourra, je me ferai une joie de lui faire découvrir l’une de mes folles aventures…
En ce mercredi 14 juin, le rideau va bientôt tomber sur cette édition « démoniaque » du Born To Ride. Quelques arrivées vont encore se succéder au sommet du Mont Aigoual avant que Luc Royer n’annonce le clap de fin d’une épopée au cours de laquelle chaque acteur aura écrit son propre scénario.
Après l’édition 2016 qui avait été pour moi une voyage initiatique sur la route des cathédrales de Vézelay à Barcelone, ce Born To Ride 2017 est une confirmation. Le virage que j’ai amorcé depuis quelques années dans ma pratique cycliste est désormais irréversible et les sensations éprouvées tout au long de ces 1200 km sont allées au delà de mes espérances.
Mont Saint Odile – Mont Blauen
Comme pour mieux passer le relais entre l’édition 2016 placée sous le signe des cathédrales, l’édition 2017 du Born To Ride débute donc dans un monastère. Chilkoot cultiverait-il une certaine forme de spiritualité ? Autre point commun avec l’édition 2016: l’orage ! Fort heureusement, celui-ci laissera rapidement sa place à un temps dégagé avant que la chaleur ne s’installe au fur et à mesure de l’approche des Cévennes.
Les quelques heures qui précédent le départ sont toujours des moments particuliers au cours desquels on met pour la première fois des visages sur des personnes avec lesquelles on a échangé des mois durant sans jamais se rencontrer « in real life ». On s’interroge encore sur les choix de parcours, on compare son matériel, on cherche à se rassurer quant à ses propres options puis on se retrouve pour un dernier repas avant le départ…

A 22 heures, la centaine de participant est donc libéré par Luc Royer. L’aventure peut donc commencer et la mienne débute mal puisqu’au pied de la descente du Mont Saint Odile, je perds ma balise GPS censée permettre de suivre ma progression. Demi-tour pour essayer de la retrouver en vain. Je me résous donc à repartir sans après avoir envoyé un SMS à Delphine pour la prévenir que le suivi s’arrête après 10 km…
Me voilà déjà seul ! Plus pour longtemps toutefois car après avoir repris ma route j’aperçois au loin au moins 3 feux arrières clignotant. J’empoigne fermement mon guidon, tombe quelques dents et me lance dans une course-poursuite qui durera près de 10 kms. Moi qui voulait partir tranquille, c’est raté ! Lorsque je rejoins enfin les 3 cyclistes que je poursuivais, j’ai le grand plaisir de retrouver Dominique Grégoire portant comme moi les couleurs de la Team Cyclosportissimo. Nous allons rester ensemble jusqu’au pied du Blauen, premier mont à gravir de ce Born To Ride et premier point de contrôle. Notre route commune avec Dominique s’arrête au pied de l’ascension chacun adoptant son propre tempo. Située à 1165 m d’altitude, cette première difficulté présente des pourcentages moyens compris entre 8 et 10% sur les 8 derniers kilomètres. Une belle mise en jambes et malgré le sur-poids du vélo converti en mode « Bike Packing » elle passe plutôt bien. Au sommet, les puissants phares de la « bridoumobile » nous éclairent la route. Pascal Bride et Jacky Behe sont en effet venus presque en voisins depuis Mulhouse pour nous accueillir au sommet avec de quoi nous restaurer. Un geste fort généreux et chaleureux au coeur d’une nuit encore chargée d’humidité après les orages de la fin de journée.

Une première nuit en Suisse
Reparti du Blauen avec le groupe de tête, je ne cherche pas à m’accrocher préférant ne pas prendre de risque dans une descente encore bien humide. Je me retrouve donc rapidement seul pour affronter les quelques heures d’obscurité avant de voir l’horizon blanchir progressivement. Au petit matin, je me retrouve en territoire Suisse et file en direction de Luzern. Les premières heures du jour se déroulent sous un ciel bien chargé qui me fait craindre quelques goûtes. Mais au contraire de cela, le soleil finit par se frayer un passage à travers les nuages pour définitivement s’imposer. Il en sera ainsi jusqu’à l’arrivée.
Arrivée sur les bords du lac de Luzern, la température commence à être très agréable et j’en profite pour quitter les affaires de nuit et passer en mode jour. L’itinéraire le long du lac est somptueux alors qu’au loin se profilent déjà les sommets enneigés du Haslitall. Avant de rejoindre Meiringen puis le pied du Grimsel Pass, le Brunig Pass offre déjà quelques beaux pourcentages en guise de mise en bouche !
Grimsel – Simplon, l’enchaînement majeur
Il est aux environs de 11h30 lorsque j’arrive à Meiringen sous un généreux soleil comme lors de mon précédent séjour fin août 2016 à l’occasion de l’Alpen Brevet. Je décide de faire une petite pause ravitaillement avant d’affronter les 31 kilomètres d’ascension du Grimsel depuis Innertkirchen. Au pied du col, je rejoins 3 concurrents du groupe de tête. A l’avant, Thomas Dupin et Paul Galéa ont donc pris seuls les commandes de ce BTR. Forza Cyclosportissimo !
L’ascension du Grimsel se passe merveilleusement bien mais elle semble interminable ! 3 lacs se succèdent en escaliers et chaque fois que l’on en atteint un on pense en avoir terminé… Dommage que l’intensité du trafic et notamment le nombre important de motos ternissent un peu le décor de carte postale qui s’offre à nous.
La descente du Grimsel est vertigineuse dans sa première partie et offre une vue imprenable sur les lacets de la Furka. Qu’on se rassure, ceux-ci ne seront pas au programme, sauf à faire un petit détour !
Passée la descente du Grismel, une longue route de fond de vallée conduit à Brig au pied, du Simplon. La chaleur s’intensifie au fur et à mesure de la descente. On évolue dans un véritable décor de carte postale dans lequel on retrouve tout le charme de la Suisse.
J’arrive à Brig à 15h45 et après une pause express, je m’attaque au Simplon. C’est parti pour 20 kilomètres d’ascension à 6,4% de pente moyenne. Les premiers kilomètres sont assurément les plus difficiles avec des pourcentages au delà de 10% jusqu’à ce que l’on rejoigne la route principale. Les 10 derniers sont alors beaucoup moins sévères. Malgré les kilomètres accumulés depuis le départ (près de 400), les sensations sont bonnes et aucun signe de fatigue ne se manifeste.
La suite est une longue descente vers l’Italie et Domodossola où une pause pizza s’impose !
Du Mottarone au Montgenèvre
Le jour a bien décliné lorsque je rejoins les bords du lac Majeur pour m’apprêter à gravir le Mottarone, CP n°2. Cette ascension va me paraître interminable. Le revêtement est de très mauvaise qualité et les ruptures de pente particulièrement violentes. J’ai l’impression parfois de tourner en rond et de ne jamais réellement monter alors que les pourcentages sont extrêmement forts. Cette absence de point de repère finit par m’agacer ! Mais où est le sommet de ce satané Mottarone ?
Je finis par l’atteindre peu avant 1 heure du matin et décide de faire une première micro-sieste de 10 minutes avant de redescendre. Hélas, à peine me suis-je installé qu’un moustique vient me siffler dans les oreilles. Je tente une première fois de m’en débarrasser d’un geste de la main, puis à la 5e fois j’abandonne ! Je remonte sur mon vélo et décide de redescendre pour trouver un lieu plus calme pour dormir un peu…
La descente du Mottarone que je craignais se passe très bien et j’arrive rapidement en bas. Une longue route m’attend désormais pour rallier Turin et dès que je trouve un endroit abrité, je me pose 10 minutes pour dormir un peu. Cette micro-sieste me fait le plus grand bien et je repars vaillamment en direction de Turin. Après quelques kilomètres, j’ai la surprise d’être rattrapé par Paul Galéa qui était pourtant passé bien avant moi au Mottarone. Il m’explique qu’il a tenté de dormir un peu et nous voilà tous les 2 repartis ensemble pour quelques kilomètres au coeur de cette seconde nuit. Nos routes vont toutefois se séparer dans la traversée d’un village où je perds de vue Paul qui visiblement n’a pas la même trace que moi. Pas de panique, je garde mon cap et poursuit seul en direction de Turin où j’arrive vers 7 heures pour le petit-déjeuner !
Alors que je roule dans Turin, c’est autour de Thomas Dupin de me rattraper ! Comme pour Paul, je le croyais bien loin devant mais les arrêts de la nuit on rebattu les cartes. C’est donc en sa compagnie que je vais prendre un rapide petit déjeuner avant de remonter un énième fois sur le vélo en direction de Suse et du pied du Montgenèvre. Il est à peine 9 heures du matin mais déjà le thermomètre grimpe en flèche. La chasse aux fontaines peut commencer ! Elle se poursuivra toute cette journée de dimanche. Un dimanche bien rempli avec au programme le passage du Montgenèvre, point de contrôle n°3 puis une longue descente jusqu’au pied du Mont Ventoux que j’espère atteindre au milieu de la nuit. La 3e et dernière depuis le départ…
La chaleur s’intensifie au fur et à mesure que l’on approche de Suse. Je m’accroche à la roue de Thomas pendant les premiers kilomètres du Montgenèvre mais finis par lâcher prise. Commence alors un passage difficile, le seul de toute l’épreuve heureusement. La route qui longe tantôt des rochers, tantôt un mur me renvoie une sensation de chaleur qui me donne mal à la tête. Les yeux me piquent, j’ai besoin d’air et il me semble que j’ai le visage en feu. J’essaie de rester concentrer sur ma progression mais ça ne passe pas, le mal de tête empire et il me faut m’arrêter pour éviter la surchauffe du moteur !
Je trouve une station service à la terrasse de laquelle je m’installe pour boire coup sur coup 2 coca puis je mets le compte à rebours de mon téléphone pour effectuer 10 minutes de micro-sieste avant de repartir. Je m’endors aussitôt et lorsque l’alarme me réveille, je me sens nettement mieux. Je ne perds pas de temps pour remonter en selle et reprends l’ascension du Montgenèvre dont je ne suis plus qu’à une dizaine de kilomètres. Cette pause m’a fait le plus grand bien et me voilà à nouveau reparti sur un bon tempo. J’atteins sans encombre Montgenèvre puis après avoir fait tamponner mon carnet de route je bascule en direction de Briançon puis de Embrun que je décide finalement d’éviter compte tenu du vent défavorable qui souffle particulièrement fort. Quitte à faire quelques kilomètres de plus, je passe donc par Saint André d’Embrun et reprends la route de Savines le Lac à Barratier. La chaleur est particulièrement pesante en cette fin d’après-midi et je décide de manger un peu avant d’entamer la dernière ligne droite en direction du pied du Ventoux.
Le Ventoux après 900 km…
Il est pratiquement 18 heures lorsque je repars de Savines le Lac où je suis resté une grosse demi-heure. Jusqu’à Laragne Montéglin, je me surprends à progresser sur un rythme plus que correct compte tenu de l’accumulation des kilomètres. J’évolue désormais sur des routes que je connais bien et aborde les magnifiques gorges de la Méouge peu après 21 heures. Commence alors une longue approche du Ventoux via les Baronnies Provençales et un passage par le col de l’Homme Mort avant de rejoindre Sault. Le cap des 900 kilomètres est franchi et voilà que je m’apprête à grimper le Ventoux à près de 2 heures du matin…
J’appréhende un peu cette avant dernière ascension mais dès les premiers kilomètres, je me surprends à pouvoir relancer la machine aussi efficacement. Je tombe alors quelques dents et décide d’être un peu moins sur la défensive que je ne l’avais envisagé. Les jambes répondent parfaitement et je rejoins le chalet Reynard sans m’en rendre réellement compte. Il est temps désormais à s’engager sur les 7 derniers kilomètres du Ventoux dont la silhouette se détache dans la nuit. Ma progression a nettement ralenti, mais mètres après mètres, le sommet se rapproche dans une atmosphère totalement irréelle et un calme absolu. La pleine lune suffirait presque à m’éclairer la route. C’est un autre Ventoux que je découvre et le visage qu’il m’offre dans ce contexte si particulier, loin de l’affluence qui règne trop souvent ici même, me réconcilie avec lui. Je savoure ce privilège unique d’avoir pour moi seul ce tas de cailloux, qui suscite tant de convoitise, par la magie de ce Born To Ride.
Du dernier virage avant le sommet, j’entends les encouragements de quelqu’un qui vient vers moi, objectif en main. Inutile de chercher trop longtemps de qui il s’agit ! C’est forcément Mickaël Gagne car qui d’autre que lui aurait pu se retrouver là haut ? Et bien Marc et Marie-Thé Lalande ! Leur présence me procure une grande émotion d’autant que j’ai appris dans la journée la chute et l’abandon de Marc après le Blauen la nuit précédente. Je profite de leur voiture pour effectuer une nouvelle micro-sieste de 10 minutes avant de m’élancer dans la descente en direction de Bédoin pour la dernière ligne droite de cette aventure incroyable.
Peu avant le chalet Reynard, une nouvelle surprise m’attend. Mon fidèle compagnon de route Jacques Barge est en passe de réaliser une performance inouïe. On échange quelques mots et il m’explique que l’option par le Saint Gothard qu’il a privilégié pour traverser la Suisse lui a fait gagner un temps précieux au point de se retrouver en 4e position !
Nous nous séparons sur une dernière accolade. Lui poursuivant sa route vers le sommet et moi filant sur Bédoin alors que le petit jour ne va pas tarder annonçant la fin de ma 3e nuit sur le vélo…
La délivrance
A 6 heures du matin, à la faveur de la traversée de Aubignan, je m’arrête dans une boulangerie pour prendre un café et un pain aux raisins en guise de petit déjeuner. Je n’éprouve pas forcément le besoin de manger mais je ne résiste pas à l’envie de m’offrir ce petit plaisir qui rompt avec la monotonie des barres énergétiques.
Le cap des 1000 kilomètres est désormais passé et le décompte final entamé. Mon prochain objectif est Bagnols sur Céze que je rejoins sans encombre malgré la présence d’un petit vent soufflant parfois défavorablement. C’est ensuite vers Alès que je me dirige empruntant une route que nous avions prise en sens inverse lors de la Flèche Vélocio en avril dernier. Ultime halte dans une boulangerie qui me rappelle bien des souvenirs à l’entrée de Alès. Il s’agit en effet de celle où nous avions du nous résoudre à laisser notre infortuné co-équipier de la Flèche Véloccio, Geoffrey Betrémieux avant que Delphine et Coralie ne viennent le récupérer.
Inutile de préciser que la chaleur est désormais bien installée mais l’euphorie que me procure la perspective d’une arrivée qui se rapproche me donne presque des ailes. Je me surprends en effet à pouvoir remettre du braquet dès que l’occasion de relancer l’allure se présente. Je ressens une sorte d’invincibilité, rien ne peut désormais ralentir ma folle progression vers l’Aigoual, pas même cette chaleur étouffante de la vallée de la Borgne nichée au coeur des Cévennes.
Je refais une dernière fois le plein d’eau à Saint André de Valborgne et m’engage pour la montée finale entre-coupée d’une courte descente après le col de Salides. Le décor est somptueux mais la route semble interminable !
Heureusement, la pente s’adoucit pour les derniers kilomètres mais la silhouette du Mont Aigoual tarde à apparaître. Enfin 2 antennes se détachent sur la gauche. Cette fois la délivrance est toute proche. Je me hisse sur les pédales et me lance dans un sprint final au terme duquel je ne résiste pas au plaisir de lever les bras. Je tiens ma victoire au terme d’une chevauchée de près de 1200 km. Difficile de trouver les mots pour décrire l’émotion qui m’envahit à cet instant mais c’est au delà de ce que j’ai pu éprouver jusqu’à présent, un mélange de fierté et de bonheur intense, une décharge d’adrénaline incroyable qui m’hôte toute sensation de fatigue.
Ainsi s’achève une aventure exceptionnelle de part la distance et les paysages traversés. Un voyage de Grand Cyclisme à nul autre pareil où chacun écrit sa propre histoire. Merci à Luc Royer d’avoir eu cette idée de génie.
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Magnifique article, que j’ai dévoré….très belle intro, où je retrouve plein de choses essentielles, de celles qui tissent le bonheur, j’adore. Il est clair à te lire que ta BTR restera un jalon incontournable dans ta vie, un monument, et comme tu le dis si bien un magnifique cadeau. Tu parles d’une poursuite égocentrique – j’en doute…chacun d’entre nous a besoin de ces poursuites en solitaire pour recentrer son être et pouvoir être de tout coeur avec ses aimés et ses comparses, en toute confiance, et se doit de s’octroyer cette liberté pour ensuite être aux autres entièrement et sans condition. La très longue distance à vélo nous offre ces temps de recueillement où corps et âme ne font plus qu’un au milieu du monde, et du ‘peloton invisible’ de nos frères et soeurs – fantastique cadeau (certains diront ‘divin’ cadeau), tu as bien raison. Pour en revenir à la BTR : une question, comment as-tu pu te contenter d’une pizza en Italie, sans passer par le panetone ?? Plus sérieusement, j’ignorais que vous aviez la possibilité de choisir des routes différentes.
Une bien belle aventure que tu sais superbement nous faire partager. On ressent ta vibration intérieure. Sacrée performance sportive également. Bravo Patrick.
Je suis heureux d’avoir pu partager quelques instants avec toi au Mont St Odile.
Au plaisir d’un future rencontre.
Gilles