Le rideau est tombé sur une aventure à tout point de vue hors normes le samedi 16 septembre 2017 aux environs de 22h. Au terme d’une dernière étape particulièrement stressante pour l’organisateur d’un tel événement que j’étais, j’avoue n’avoir même pas savouré le fait de mettre pied à terre après tant de kilomètres parcourus. 2365 très exactement depuis le 11 septembre minuit.
Depuis des mois je ne comptais plus le temps pris sur mes loisirs pour monter un tel projet : organiser un raid ultra-cycliste de 6 jours pour une vingtaine de cyclistes en reprenant le parcours du premier Tour de France de 1903. J’ai sans doute eu le tort de trop peu déléguer de tâches : réserver les hôtels, louer des véhicules, planifier le parcours et les points de contrôle, estimer les besoins pour les repas et les ravitaillements, rechercher des partenaires… Beaucoup trop pour un seul homme heureusement bien épaulé par sa chère et tendre. Curieuse sensation au moment d’enfourcher mon vélo pour le départ que de me dire « ah oui, je vais faire ça moi aussi… ».
Pendant ces 6 jours je ne me suis jamais vraiment senti cycliste, trop afféré à veiller à ce que tout se passe bien et que le soir venu, je puisse être soulagé de savoir tous les participants bien rentrés. Les kilomètres ont défilé sans que je ne m’en rende compte véritablement. Tel un automate j’ai pédalé et fait en sorte de ramener à chaque fois tout le monde à bon port. J’ai le sentiment de n’avoir pas vécu pour moi mais pour les autres. Qu’importe qu’il pleuve ou que le vent soit défavorable, je me sentais responsable de la progression du groupe.
Fort heureusement, une équipe de choc au niveau de l’assistance a souvent pris les initiatives m’épargnant des prises de décisions attives. Je leur en suis à jamais reconnaissant tant ils ont assuré beaucoup plus que je ne l’attendais. De même, la cohésion du groupe a permis à chacun de trouver sa place et j’ai eu plaisir à constater que tous ont pu prendre plaisir à vivre une aventure intense. Voilà justement mon regret : ne pas avoir réussi à me libérer et à savourer moi aussi cette aventure unique. Au final, j’ai vécu l’arrivée de notre périple sans aucune émotion contrairement à ce que me procure généralement l’accomplissement d’autres chevauchées au long cours. J’étais davantage épuisé mentalement que physiquement, ce qui d’ailleurs c’est manifesté à travers certains sauts d’humeur dans les derniers kilomètres. Ce que je regrette car j’ai pu blesser certaines personnes par des mots déplacés.
Cette expérience fut néanmoins enrichissante et source de rencontres qui le furent tout autant. Nous avons vécu 6 jours dans une bulle, unis et solidaires. Une aventure humaine et sportive comme on a rarement l’occasion d’en vivre. En appellera-t-elle d’autre ? Oui sans doute mais sans que je ne m’expose autant sur le plan de la responsabilité d’une telle entreprise.
Mille mercis à tous ceux qui ont cru en ce projet et qui m’ont accordé leur confiance en participant à ce Palmarès Ultra Revival Tour. Si j’en sors quelque peu frustré à titre personnel, je me réjouis d’avoir pu offrir à certains de réaliser un rêve unique.
Crédit photo : Mickaël Gagne
Seule l’expérience te fera avancer, car les » y a qu’à », « faut qu’on », il y en a à la pelle, mais celles et ceux qui mouillent le maillot pour vivre leur passion (et non pas de leur passion) sont nettement moins nombreux.
Alors sert toi de cette aventure, pour en construire d’autres.
Perso, j’aurai pu c’est vrais, te filer un coup de main pendant ces 6 jours, mais je ne m’en sentais pas le courage. Une autre fois certainement.
A bientôt…