Pour ma 3e participation consécutive au Tour du Mont Blanc j’espérais bien faire mentir l’adage populaire « jamais 2 sans 3 ». En effet, en 2013 et surtout en 2014, la pluie s’était invitée en fin de parcours. Cette année, les prévision météos n’annonçaient une fois encore plutôt pessimistes et pourtant, c’est sans une goûte d’eau que j’ai pu boucler ce formidable parcours. Ce fut juste cependant, notamment du côté de Champex où le tonnerre retentit mais l’orage resta dernière nous. Il ne fallait d’ailleurs pas trop se retourner pour observer les sommets voisins qui se détachaient sous un ciel particulièrement sombre qui ne présageait rien de bon. Fort heureusement, en basculant sur Orsières, l’atmosphère se montrait plus clémente. Il faudra néanmoins attendre l’ascension du Petit Saint Bernard pour retrouver un franc soleil qui va m’accompagner jusqu’à l’arrivée. Enfin un tour du Mont Blanc disputé sur des routes sèches !
Mise à part ces considérations météorologiques, je pense garder longtemps en mémoire cette édition 2015 où j’ai connu, sans être prétentieux, l’état de grâce. Du départ jusqu’à l’arrivée j’ai géré avec une sérénité absolue l’enchaînement des difficultés sans connaître le moindre passage à vide.
13 heures d’effort, 13 heures de plaisir, 13 heures à tutoyer les cimes avec à la clé une 16e à laquelle j’avais du mal à croire en arrivant.
Il faut dire que les précédentes sorties m’avaient données quelques signes encourageant quant à mon état de forme. Qu’ils s’agissent des Fondus de l’Ubaye ou de mon raid du week end précédent en faveur du Népal, la gestion de dénivelés importants sur la journée n’avaient plus beaucoup de secret ! Néanmoins, en prenant le départ d’une épreuve telle que le Tour du Mont Blanc, mieux vaut savoir faire preuve d’humilité.
Je suis donc parti sans pression et sans prendre le moindre risque dans la descente du col des Saisies faite entièrement de nuit. Un regroupement va s’opérer après Saint Gervais et dès que la route commence à s’élever, je sens que suis dans un grand jour n’hésitant pas à prendre la direction des opérations pour assurer le tempo, notamment dans la côte de Vaudagne où d’ordinaire je subis le rythme. Au sommet, nous ne sommes plus que 6 dont 3 membres du Team belge Granfondo.
La plongée vers Chamonix va permettre au groupe de se reconstituer avant que je provoque, involontairement, une nouvelle sélection dans le col des Montets. L’enchaînement avec le col de la Forclaz ne sera qu’une simple formalité alors que le ciel devient de plus en plus menaçant. Le tonnerre va même finir par se faire entendre dans le col du Champex mais la pluie nous épargnera. Dans les plus forts pourcentages, les 2 coureurs du Team Granfondo prennent les devants avec 2 autres concurrents sur lesquels je vais revenir avant le sommet où l’ambiance est assez étrange avec ce ciel particulièrement sombre qui semble vouloir nous rattraper alors que le massif du Grand Saint Bernard qui nous fait face, offre une luminosité plus engageante. Ca tombe bien, c’est là où nous allons !
En ce samedi jour de départ en vacances, la circulation s’avère très importante et toute la première partie du col du Grand Saint Bernard s’effectue dans une file ininterrompue de véhicules. Pas très bucolique… Il faudra attendre d’arriver dans les 6 derniers kilomètres pour retrouver une véritable route de haute montagne avec de forts pourcentages. Ayant pris mes distances dès le pied du col avec le petit groupe dans lequel j’étais, je progresse désormais seul avec en ligne de mire 3 concurrents sur lesquels j’entends bien revenir avant le passage au sommet. Jouant du dérailleur pour relancer régulièrement l’allure, je rattrape ces 3 coureurs et atteint le sommet du Grand Saint Bernard où je me contente d’un arrêt express au poste de ravitaillement avant de m’engager dans l’interminable descente sur Aoste.
Au bas de celle-ci, je me retrouve avec 2 coureurs qui engagent la remontée vers le pied du col du Petit Saint Bernard sur un rythme soutenu. Ils m’invitent à prendre des relais mais leur tempo ne me convient pas. Je préfère lever un peu le pied et progresser à mon rythme. Bien m’en a pris car je vais finalement revenir sur eux dans l’ascension du Petit Saint Bernard dont j’apprécie les pourcentages. Ma progression est toujours aussi régulière et je ne ressens pas le moindre signe de fatigue. Une certaine forme d’euphorie commence même à me gagner car je prends peu à peu conscience de ce que je suis en train de réaliser. Je franchis en effet le Petit Saint Bernard avec quasiment une heure d’avance sur mon meilleur temps de 2013.
A l’approche de Bourg Saint Maurice la chaleur devient de plus en plus présente. Je remplis donc sagement une nouvelle fois mes bidons avant d’attaquer le Cormet de Roseland dont je crains les premiers kilomètres où généralement j’éprouve toujours un peu de difficulté à remettre en marche. Il n’en est rien cette année. Toujours aussi à l’aise, je conserve un bon coup de pédale et me surprends même à tomber des dents pour ne pas m’enfermer dans un faux rythme. Les 19 kilomètres de cette avant dernière ascension vont me permettre de revenir sur encore 2 autres concurrents et c’est avec un certain plaisir que j’atteints le sommet du Cormet de Roseland enfin sous le soleil !
La descente vers Beaufort ne sera qu’une simple formalité. Il ne reste alors plus qu’à se hisser jusqu’à Hauteluce avant d’attaquer les 7 derniers kilomètres qui conduisent à la délivrance.
Je franchis donc la ligne d’arrivée après 13h15 d’effort sans avoir le sentiment d’avoir énormément pioché dans mes réserves. Ainsi s’achève une journée de rêve au cours de laquelle j’ai pris du plaisir à haute dose. Le genre de journée que l’on aimerait se voir prolonger.
Données strava
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Place désormais à une semaine de repos avant d’aller retrouver les Alpes du sud et notamment le col d’Izoard à l’occasion de la Risoul Queyras.