Talloires, mardi 22 août 2018 à 8h, je mets le pied à terre pour la dernière fois sans me rendre compte réellement encore de ce que je viens de réaliser. Parti 2 jours et 53 heures plus tôt de Mandelieu, j’ai parcouru près de 1050 km et avalé plus de 20 000 m de dénivelé. Suis-je fatigué ? Je ne le sais pas vraiment.
J’éprouve en revanche une certaine sérénité, une sorte de paix intérieure et une immense fierté. J’ai l’intime sentiment d’être allé au bout de ce qui est à ce jour l’épreuve la plus difficile que j’ai eu à disputer.
Il s’est passé tant choses tout au long de ces centaines de kilomètres. Tant d’émotions, tant de plaisir mais aussi tant de doutes. Cette Race Across France Challenge m’a permis de franchir un nouveau palier et de découvrir réellement l’univers de la compétition ultra-distance. Autant le dire de suite : j’ai adoré et je souhaite bien évidemment renouveler l’expérience.
A la différence des raids du type Born To Ride ou des Brevets des Randonneurs Mondiaux, j’ai découvert sur la Race Across France une intensité émotionnelle différente. Sans pour autant qu’il s’agisse de pression, on est en permanence dans la quête de l’optimisation, on laisse beaucoup moins le temps suivre son cours. On analyse sa position, celle des autres concurrents, on adapte sa progression, on modifie son tableau de marche… En même temps, on savoure tout autant la chance que l’on a de pouvoir s’offrir une telle parenthèse hors du temps pour se retrouver seul avec soi-même à grimper au beau milieu de la nuit le Ventoux ou le Cormet de Roseland, de passer par les plus grands cols des Alpes.
Lorsque je m’élance de Mandelieu le samedi 18 août à 9h, j’ai l’intime conviction que j’irai au bout de l’aventure. C’est sans doute ma grande force. Ne jamais douter de mes capacités sans pour autant faire preuve de prétention. Je me connais suffisamment pour évaluer ce dont je suis capable et si j’ai décidé en début de saison de cocher la Race Across France c’est que je saurai me donner les moyens nécessaires pour mener à bien cette aventure.
Le parcours est copieux et au delà de la distance, le dénivelé a de quoi faire peur avec notamment le Ventoux, l’Alpe d’Huez, le Galibier, l’Iseran, le Cormet de Roseland et la Colombière entre autres… Un parcours sans répit qui ne pardonne que très peu de faiblesse.
Le premier tiers va nous conduire à Vénasque, pratiquement au pied du Ventoux. Je répète souvent que je ne l’aime pas mais abordé de nuit, seul, dans un silence quasi religieux, ce n’est plus le même tas de cailloux écrasé par la fournaise sur les pentes duquel une cohue de cyclistes de tout poil se presse tout au long de la saison, voir au delà.
Avant de me retrouver seul avec le Géant, il a fallu digérer les premiers kilomètres de l’épreuve. L’avantage c’est que l’on a compris immédiatement ce qui nous attendait : on va grimper, grimper et encore grimper ! Au départ de Mandelieu la route se redresse immédiatement en direction de l’arrière pays grassois, de l’Audibergue puis des gorges du Verdon. Après seulement 30 km mon compteur indique déjà 1300 m D+. Le ton est donné !
Cette première partie se déroule parfaitement bien. j’ai rattrapé mon collègue du Team Cyclosportissimo Silvère Mory parti 2 minutes avant moi et nous allons évoluer non loin l’un de l’autre jusqu’à Vénasque. Une première alerte nous appelle à la vigilance du côté de Apt où rattrapés par un orage aussi violent que subit nous commettons une petite erreur de parcours qui « offre » au concurrent espagnol en tête de l’épreuve un avantage supplémentaire de 5 km. Revenus sur la bonne trace, l’averse orageuse laisse progressivement place à une petit pluie fine puis à l’entame du col de Murs, on retrouve un temps sec alors que la nuit commence à tomber.
Je prends un réel plaisir à me laisser glisser jusqu’à à la Time Station de Vénasque installée à Bed and Bike où comme à son habitude Olivier Brochery nous réserve un accueil tout autant chaleureux qu’attentionné. Mes affaires étant encore bien mouillées après avoir essuyé l’orage de Apt quelques heures plus tôt, je prends la décision de modifier mon tableau de marche pour dormir 1 heure pendant que mes vêtements sèchent afin de repartir à l’assaut du Ventoux dans de bonnes conditions.
A 22h50 je quitte Bed and Bike et prends la direction de Bédoin. La nuit est claire et le vent quasi nul. Des conditions idéales pour affronter le Ventoux.
Dés le fameux virage de Sainte Estève je constate que je gère plutôt bien la pente malgré d’une part les kilomètres déjà effectués (plus de 300) et d’autre part compte tenu de la charge que je porte sur le vélo (environ 4,5 kg). Tantôt en danseuse, tantôt assis, jonglant avec le dérailleur, je me surprends à atteindre assez facilement le chalet Reynard.
Les 6 kilomètres qui me séparent du sommet vont passer très vite. Je suis tout d’abord doublé par un véritable phénomène, la suissesse Nicole Reist engagée sur la Race Across France Ultra avec assistance (elle terminera seconde de l’épreuve au Touquet après 2600 km). Suivie par sa voiture tous feux et gyrophares allumés, elle progresse sur un rythme qui dégage fluidité et souplesse. Le spectacle de cette frêle cycliste grimpant dans la lueur des puissants projecteurs de son véhicule d’assistance est surréaliste.
Quelques minutes plus tard, c’est autour de Marcello Luca, le futur vainqueur de la RAAF d’arriver à ma hauteur. On échange quelques mots en italien car on se connaît un peu via les réseaux sociaux. Marcello grimpe beaucoup plus en force que la suissesse mais avec tout autant d’efficacité. Je le laisse s’éloigner alors que le sommet se rapproche.
J’ai alors la bonne surprise de voir une lueur arriver en sens inverse et me crier « Patrick ! ». C’est Cyrille Genel, un ami du Team Cyclosportissimo qui a passé la journée au Ventoux et qui a attendu mon passage et celui de Silvère pour effectuer les derniers kilomètres du Ventoux avec nous. On échange quelques mots, on parle matériel, météo et je finis par atteindre le sommet sans m’en rendre compte.
Je m’équipe rapidement pour la descente qui ne sera pas très froide et je laisse Cyrille avant de plonger vers Malaucène. Cette descente au coeur de la nuit va être un régal. Désormais équipé de freins à disques, je prends un plaisir énorme à aborder les courbes avec un sentiment de sécurité que je n’ai jamais connu. Le dosage du freinage est impressionnant, tout se fait au doigté. Les courbes s’enchaînent avec une facilité déconcertante malgré la nuit. Je dispose cependant d’un très bon éclairage avec la lampe Lupine que j’ai acquis dernièrement. Certes, il s’agit d’un matériel onéreux mais la qualité, la fiabilité et l’autonomie sont au rendez-vous pour ce type d’épreuve.
A la sortie de Vaison la Romaine, de puissants phares éclairent soudainement ma route. Ce sont ceux de la voiture de Nicole Reist qui avait du s’arrêter en haut du Ventoux et que je n’ai pas vue lorsque je suis passé. Sans entraver sa progression, je vais rester à ses côtés jusqu’à Nyons où je dois la laisser filer car il me faut faire le plein d’eau.
Je repars en direction de Grignan et au bout de quelques kilomètres, je suis à nouveau éclairé par une voiture suiveuse ! Cette fois c’est Marcello Luca qui, comme Nicole Reist s’était arrêté au sommet du Ventoux. A ses côtés, j’ai la bonne surprise de retrouver Silvère qui était parti bien avant moi de Vénasque préférant ne pas dormir. Il m’explique qu’il a du cependant faire une courte pause sommeil après Vaison la Romaine.
Nous allons laisser filer Marcello et comme en début d’épreuve, nous progressons désormais tous les 2 sur les routes de la Drôme. La nuit est claire mais nous devons affronter un mistral soutenu. En outre, je n’ai plus de GPS car l’orage de Apt a mis à mal mes piles de rechange qui sont toutes HS. Silvère ne peut malheureusement guère m’aider car il a la trace du parcours des… campings cars des équipes suiveuses !
Fort heureusement, nous avions fait des photos du road book et c’est avec celles-ci que nous allons nous guider. Nous commettons cependant une erreur en passant par le col du Colombier et non pas par la côté d’Alleyrac pour rejoindre Labégude de Mazenc. Après le « cadeau » de 5 km offert à Apt au leader espagnol de l’épreuve, nous lui en accordons encore 10 de plus. Quelle générosité !
Comme je l’avais prévu, c’est donc au petit matin que j’arrive à la TS de Crest où j’en profite pour racheter des piles pour mon GPS. Après une phase de transition, le Vercors se présente à nous avec le col du Rousset, le col de la Chaux, la route de Combe Laval puis une rapide descente sur Saint Jean en Royans avant de remonter les gorges de la Bourne.
A l’instar de la route, la température ne va cesser de s’élever. On dépasse les 30° dès la mi-journée et c’est dans une atmosphère surchauffée que l’on aborde les gorges. Je dois multiplier les arrêts pour remplir mon bidon et m’asperger allant jusqu’à me mettre carrément dans une fontaine à Rencurel pour me rafraîchir.
Arrivé sur le plateau de Lans en Vercors, on ressent un semblant de fraîcheur qui sera de courte de durée car on à Saint Nizier il faut replonger dans la fournaise grenobloise.
Je retrouve Silvère après Seyssins, allongé sur une couverture au bord de la route. Sa famille est avec lui et je m’arrête également. Avec le recul, cet arrêt sera une erreur car à cet instant je n’ai pas sommeil et je n’éprouve pas le besoin de faire de pause. Qui plus est, notre vaillant espagnol s’est lui aussi arrêté quelques centaines de mètres avant ce qui signifie que nous sommes désormais 1er et 2e.
J’attends quand même que Silvère se réveille, se ravitaille et se change pour repartir avec lui en direction de l’Alpe d’Huez. Là, rapidement, je constate que je n’arrive pas à manger les barres que j’essaie d’avaler. J’ai beau essayer toutes celles que j’ai, aucune ne passe.
Je mets ça sur le compte de la chaleur en me disant que dès qu’il fera meilleur ça ira mieux et je poursuis ma route vers Bourg d’Oisans et le pied de l’Alpe d’Huez que j’appréhende un peu car, à l’instar du Ventoux, ce n’est le genre d’ascension que j’apprécie. Mais je n’ai pas le choix !
J’aborde la première rampe alors que le jour commence à décliner. J’atteindrai finalement le sommet juste avant que la nuit ne soit totalement tombée. De toute la montée je n’ai rien pu manger et arriver en haut, toujours impossible d’avaler quelque chose. Je commence à accuser un peu le coup mais j’essaie de rester concentrer sur la suite en me disant que je ferai le point en bas du col de Sarennes que je veux passer rapidement.
J’atteins péniblement le sommet de ce col et dans la descente des crampes d’estomac font leur apparition. Première alerte sérieuse. Une fois de plus j’essaie de détourner mon attention et je me mets à chanter pendant une partie de cette descente sinueuse où là encore le freinage à disque fait sensation. Au bas de la descente de Sarennes j’essaie de trouver un endroit un peu à l’abri pour faire une pause et je m’installe sous une sorte de grand escalier métallique dans un « confort » des plus rudimentaires.
Nouvelle tentative pour manger une barre et nouvel échec. J’ai beau mastiquer jusqu’à l’épuisement, impossible d’arriver à faire passer quelque chose. A partir de là je commence sérieusement à me poser des questions sur la suite de l’épreuve car il reste du chemin à parcourir. Et quel chemin : Galibier, Iseran, Cormet de Roseland, Saisie, Colombière.
Un des véhicules de l’organisation me voyant au bord de la route s’arrête pour me demander si ça va. Je me force à sourire en leur répondant que tout est ok.
Pourtant au fond de moi je ne suis pas loin de leur demander si je peux monter avec eux… Rarement je me suis senti si près de l’abandon sur une épreuve. J’essaie d’échafauder différents scénarii pour la suite mais tous me ramènent à la même conclusion : sans rien dans le ventre je ne pourrai pas aller bien loin.
Je décide malgré tout d’écourter cette pause inconfortable pour reprendre ma route sans réellement savoir jusqu’où je vais pouvoir aller. La Grave est néanmoins l’objectif que je me donne, soit une quinzaine de kilomètres un peu plus haut.
En cours de route je résiste plusieurs fois à la tentation de déclencher ma balise d’alerte pour informer l’organisation que j’abandonne puis me ravise à chaque fois.
Je finis par arriver à la Grave vers 1h du matin. Tout est bien sûr fermé à cette heure sauf une crêperie d’où me parviennent des éclats de voix et de rires. Je me hasarde à y entrer et je découvre une grande tablée de jeunes gens tout surpris de voir un cycliste. Ils me disent immédiatement que l’établissement est fermé mais je négocie malgré tout un Coca qu’ils m’accordent d’autant plus volontiers après que je leur ai rapidement raconté mon périple.
Je reprends ensuite mon vélo et parcours quelques centaines de mètre dans la Grave, desserte, jusqu’à ce que mon regard soit attiré par une porte ouverte. Il s’agit d’une laverie en libre service et je n’hésite pas une seconde à considérer qu’elle fera parfaitement l’affaire pour y passer une partie de la nuit. J’y resterai finalement jusqu’à 5 heures du matin…
Lorsque je reprends progressivement mes esprits je me rends compte qu’il serait dommage de ne pas en profiter pour faire une petite lessive et sécher toutes mes affaires. Je ne suis plus vraiment à 15 minutes près. Je mets donc dans mon plus simple appareil, remplis la cuve avec tous mes vêtements chaussures comprises et au bout de quelques minutes j’enfile une tenue encore toute chaude. Quelle sensation de bonheur et de confort !
Mon paquetage refait, je quitte ce gîte improvisé mais ô combien salvateur pour me diriger vers la première boulangerie que je compte bien dévaliser. Il n’en sera rien finalement car celle dans laquelle j’entre, bien qu’offrant tout ce qui en d’autre temps n’aurait pas résisté à ma gourmandise, ne parvient à réactiver mon appétit. Je me contente d’un chausson aux pommes et prends quand même un sandwich que j’essaierai de manger plus tard.
Le jour est quasiment levé au moment où je sors de la Grave. Le Lautaret m’attend et finalement, l’ascension se passe beaucoup mieux que je ne le craignais. Le rythme n’est pas très élevé mais j’ai le sentiment de quand même bien progresser compte tenu des déboires que j’ai connus depuis le sommet de l’Alpe d’Huez. Je m’engage ensuite pour les 8 derniers kilomètres du Galibier avec le spectacle du soleil se levant sur le glacier de la Meije. Un décor de rêve que je savoure à sa juste valeur en me disant que quelques heures plus tôt j’ai failli jeter l’éponge, me privant ainsi d’un tel spectacle…
Je parviens au sommet du Galibier sans avoir eu le sentiment de trop piocher dans mes réserves et c’est le moral gonflé à bloc que je plonge en direction de Valloire.
Je suis désormais sorti de la mauvaise passe morale et physique dans laquelle je me suis retrouvé au cours de la nuit et je suis à nouveau convaincu que j’irai au bout avec comme objectif non seulement d’être dans les délais mais en assurant ma place sur le podium.
Je dois malgré tout ne pas trop m’emballer car je continue à me contenter seulement d’eau et de coca comme seul apport énergétique.
A Saint Michel de Maurienne, je repasse en tenue plus légère car le thermomètre a nettement recommencé à grimper. Je prends ensuite la route de Modane pour aller chercher le pied de l’Iseran au terme d’une route interminable de près de 40 km.
Au fur et à mesure que je me rapproche de Bonneval sur Arc, l’atmosphère s’alourdit, le ciel se montre de plus en plus menaçant et j’entends au loin les lourds grondements du tonnerre. L’orage n’est plus très loin et il sera sans doute difficile d’y échapper. Il finit par éclater au moment même où j’arrive à Bonneval. Une pluie soutenue s’abat alors sur moi mais je n’en ai que faire. Je poursuis ma route et m’engage sur les premières pentes de l’Iseran non sans m’être débarrassé de ce pauvre sandwich que je portais depuis la Grave et que je ne serai jamais parvenu à manger.
Je pioche une nouvelle fois au plus profond de moi-même l’énergie nécessaire pour franchir l’Iseran. La pluie va finir par s’arrêter et laisser place au soleil à 4 km du sommet alors que de gros nuages ne laissant rien augurer de bon pour la suite restent accrochés sur les sommets.
C’est une véritable délivrance lorsque je me hisse enfin en haut de l’Iseran où je retrouve rapidement mon ami Dominique Grégoire qui est venu à ma rencontre depuis Bourg Saint Maurice.
Nous effectuons la descente ensemble jusqu’à Val d’Isère où je décide de faire une pause pour boire un chocolat chaud et pour essayer de voir si j’arrive à manger quelque chose.
Hélas, la boulangerie dans laquelle on s’installe n’a plus de chocolat en revanche, mon regard est attiré par une part de quiche épinards / saumon. Je me laisse tenter et avec un plaisir non dissimulé je parviens à toute la manger !
Je retrouve le sourire et fais part à Dominique de mon bonheur de pouvoir à nouveau manger après quasiment 20 heures sans n’avoir pu m’alimenter en solide à part ce lointain chausson aux pommes matinal à la Grave.
Quelque peu ragaillardi, nous repartons avec Dominique qui me propose de passer par chez lui à Bourg Saint Maurice pour manger un plat de pâtes avant d’affronter la 3e et dernière nuit non prévue que je vais devoir passer sur le vélo. J’accepte bien volontiers son invitation d’autant qu’un nouvel orage se déclenche en quittant Val d’Isère et que le ciel du côté du Cormet de Roseland n’est pas très engageant.
La pause et le plat de pâtes chez Dominique vont me faire le plus grand bien tout en m’évitant d’aborder le Cormet de Roseland sous l’orage. En effet, en quittant Bourg Saint Maurice, ce n’est plus qu’une petite pluie fine qui m’accompagne et qui s’estompe progressivement au fur et à mesure que je progresse sur le pied du col.
La nuit finit par arriver rapidement alors que le ciel s’est totalement dégagé. Je parviens au sommet aux alentours de 22h. Je me couvre un peu pour la descente bien que la température soit douce et à l’approche du lac de Roseland je découvre la lune qui se reflète sur l’eau. Spectacle une nouvelle fois somptueux.
Au cours de la descente sur Beaufort, 2 alertes viennent me rappeler que je dois redoubler de vigilance quant au sommeil. Cette 3e nuit n’était en effet pas prévue et j’opte pour un petit stop juste avant de prendre la route de Hauteluce. Je m’accorde une vingtaine de minutes de repos au cours desquels je somnole plus que je ne dors.
Je repars ensuite pour l’avant dernier col, celui des Saisies en commençant à entrevoir la délivrance. Je n’éprouve pas de difficultés particulière pour rallier le sommet de la station des Saisies et c’est reparti pour une nouvelle descente en direction de Sallanches.
Je me sens finalement plutôt bien compte tenu de tout ce que j’ai vécu jusqu’ici et même si je ne vais pas faire l’ascension du siècle, je passe la Colombière sans avoir le sentiment d’être à bout de forces. Le rythme n’est pas très élevé mais il est régulier et c’est au soleil levant que je suis enfin au sommet de la dernière difficulté de la Race Across France Challenge.
La suite n’est plus qu’une simple formalité qui consiste à se laisser glisser jusqu’à Talloires au bord du lac d’Annecy. L’émotion est grande même si je ne réalise pas encore totalement ce que je viens d’accomplir. Je suis passé par tant d’états, j’ai été leader éphémère de l’épreuve puis j’ai frôlé l’abandon et finalement, me voici au bout de l’aventure avec à la clé une 3e place devenue inespérée.
Je n’ai aucun regret car j’ai donné le meilleur de moi-même et je ressors de cette épreuve avec de nouvelles certitudes sur ma capacité à gérer les situations difficiles et à toujours croire en moi.
Au cours des moments les plus difficiles que j’ai passés, j’avais en mémoire ce que j’avais lu à propos de Christophe Allegaert, triple vainqueur de la Transcontinentale Race « tant que tu roules tu avances ».
J’ai aussi souvent pensé à des personnes dont j’admire la volonté à se surpasser malgré les épreuves, mon ami Dominique Bard et l’athlète handisport Silke Pan ou encore Christian Haettich. Je me suis également plusieurs fois répété que je ne pouvais pas lâcher l’affaire vis à vis de ma femme et de ma fille qui me laissent pleinement vivre ma passion et que je laisse régulièrement seules à la maison pour assouvir ma soif d’aventure et d’évasion.
Les larmes ont aussi parfois coulé sur mes joues. Des larmes d’émotion, de joie mais aussi des larmes de douleur et de tristesse lorsque j’ai cru voir s’envoler tous mes espoirs de boucler cette formidable Race Across France Challenge que Arnaud Manzanini a eu la riche idée d’organiser. Je fais le vœu qu’elle soit appelée à un bel avenir car il manquait en France une épreuve digne des plus grands rendez-vous européens en matière d’ultra-distance et grâce à la volonté de Arnaud, c’est chose faite.
Enfin, comment ne pas saluer la magnifique victoire de mon ami Silvère Mory, membre du Team Cyclosportissimo ainsi que celle de Laurent Boursette sur l’épreuve Ultra (2600 km) sans oublier Pascal Paineau qui sera finisher de l’épreuve ultra. A nous 4, nous avons fait honneur aux valeurs que j’ai souhaité partager en créant ce Team et aujourd’hui, c’est une véritable fierté que de pouvoir compter sur de tels représentants.
Quelques liens :
- Site de l’épreuve : https://www.raceacrossfrance.com/
- Page Facebook : https://www.facebook.com/raceacrossfrance/
- Mon activité Strava : https://www.strava.com/activities/1786696426
BRAVO, BRAVO, BRAVO ! Et merci pour le clin d’oeil 😉
Vivement l’année prochaine…