Dimanche 11 septembre, 5h00, c’est déjà le 3e jour de cette folle aventure. Après une bonne mais courte nuit à Saint Médard, il est temps d’amorcer le retour vers l’Ardèche. J’ai déjà accompli 700 km et il m’en reste autant à avaler avant de retrouver ma bonne ville de Privas d’où je suis parti vendredi.
Cette 3e étape s’annonce longue, très longue même, avec près plus de 400 km à effectuer en solitaire jusqu’à Chalon sur Saône où je dois retrouver Bruno, alias Valex Nico qui m’aidera à effectuer les derniers kilomètres.
L’ambiance est bien fraîche lorsque je pointe le bout de mon nez par la porte du camping car et bien qu’étant prêt à partir à 6 heures comme prévu, je décide de zapper la descente jusqu’à la frontière franco-belge pour finalement m’élancer depuis Stenay en raison notamment d’un petit embarras gastrique qui j’espère, finira par disparaître au cours de la matinée…
C’est donc bien au chaud à l’arrière du camping car que je quitte la Belgique avant de remonter en selle à la sortie de Stenay.
Contrairement aux 2 jours précédents le ciel est couvert sans être réellement menaçant. Les stigmates des 700 km accumulés depuis vendredi commencent à se faire ressentir et j’éprouve un peu de difficulté à remettre le moteur en marche d’autant que je continue à ressentir cette petite gêne gastrique. Progressivement les automatismes se mettent en place et me voilà engagé sur le chemin du retour.
Mon parcours est exactement celui de la veille en sens inverse si bien que je me passe du GPS. Les villages défilent, les bosses se succèdent les unes aux autres alors que Verdun se rapproche. En ce dimanche matin tout est calme. Je croise peu de véhicules et les villages que je traverse me paraissent à l’arrêt. Il est vrai que dans cette région le repos dominical est une tradition qui perdure.
J’effectue une première pause à Saint Mihiel là même où la veille avec Michel Aubriot nous nous étions arrêté et j’en profite donc pour me laisser tenter par le fameux pâté lorrain que je prendrai pour ma pause ravito de la mi-journée ! Pour l’heure je me contente d’un grand café et ne tarde pas à reprendre la route.
Mes petits soucis gastriques semblent avoir disparu et j’ai retrouvé un coup de pédale efficace. L’accumulation des efforts consentis depuis 2 jours ne m’ont pas encore amené à puiser dans mes réserves. J’avoue même être surpris de la relative facilité avec laquelle je me joue des innombrables bosses qui jalonnent le parcours. J’éprouve un sentiment de plénitude. Les jambes réagissent à la moindre sollicitation et les quelques timides goûtes qui s’invitent sur mon passage ne l’affectent nullement. Mon fameux cap des 150 premiers kilomètres étant passé, me voilà totalement libéré et en pleine possession de mes moyens pour partir à la conquête des prochains kilomètres ! Et dieu sait qu’ils sont encore nombreux…
Passé Neufchâteau, le ciel commence à se dégager et la température monte dans un air particulièrement humide. Je ne compte plus les bidons que j’avale mais j’éprouve le besoin de boire comme rarement cela m’était arrivé.
Éprouvant de très bonnes sensations je repousse l’heure de mon arrêt ravitaillement pour engranger les kilomètres. Roland et Christiane ont pris les devants pour s’installer sur une aire de pique nique et lorsque j’arrive à leur hauteur, ils sont bien installés autour d’une bonne bouteille de vin !
Je décide finalement de m’arrêter à une quarantaine de kilomètres de Langres alors que j’ai parcourus près de 200 km. Il m’en reste quasiment encore autant pour arriver à Chalon… Qu’importe, je n’y pense même pas. Je m’installe sur le marche-pied du camping car et avale un petit sandwich pour retrouver la sensation du salé. Un gâteau de riz en guise de dessert et me voilà prêt à repartir après m’être abondamment aspergé pour évacuer cette sensation de moiteur qui me colle à la peau.
Après cette petite pause d’une vingtaine de minutes, me voici prêt à repartir de l’avant en direction de Langres. Psychologiquement, il s’agit d’un cap important à franchir car le profil général commence à devenir plus favorable même si la route est loin d’être plate…
Contrairement à l’aller, j’ai pris la décision de ne pas contourner Dijon que je devrais traverser sans encombre compte tenu de l’heure à laquelle je vais m’y trouver.
A partir de Langres je me retrouve sur des lignes droites interminables où ne cessent de se succéder montées et descentes. C’est interminable… Vers 19h30 j’effectue un nouvel arrêt pour passer en “mode nuit” alors qu’il me reste un peu moins de 150 km à parcourir. Mon prochain objectif est désormais Dijon où j’arrive aux environs de 21h30 avec près de 300 km dans les jambes. Une petite erreur d’orientation nous fait perdre un peu de temps pour traverser le centre-ville avant de mettre le cap sur Beaume. Valex m’appelle pour m’indiquer qu’il est parti à ma rencontre et qu’il m’attend à Nuits Saint Georges.
Je reprends ma course en avant, cap au sud. Les avants bras posés sur les prolongateurs, les kilomètres défilent alors que je commence à traverser les sites des plus grands crus de Bourgogne.
Comme prévu, à Nuits Saint Georges, ce cher Valex est là au bord de la route. Il va me servir de guide pour les quelques 60 kilomètres qui restent encore à parcourir jusqu’à son domicile où je vais pouvoir enfin prendre une bonne douche à laquelle je rêve depuis 2 jours !
Sous son masque de clown, Valex cache un coeur énorme et sa présence ici, un dimanche soir à près de 23h en témoigne. Après avoir passé plus de 15 heures en solitaire me voici à nouveau en bonne compagnie pour en finir avec cette longue étape. Valex ne ménage pas sa peine pour m’emmener comme dans un fauteuille au sud de Chalon, à Varennes le Grand précisément. Minuit approche et nous avons encore une petite trentaine de kilomètres à parcourir sur cette fameuse route des grands crus de Bourgogne.
Nous arrivons enfin à Chalon sur Saône peu avant 1 heure du matin. Valex se joue avec une parfaite connaissance du terrain des ronds points et carrefour qui nous font gagner un temps précieux. J’avoue que je commence à ne plus voir la fin de cette interminable journée débutée aux abords de la frontière belge…
Lorsque nous quittons enfin la nationale pour nous engager dans les quartiers résidentiels de Varrennes, le compteur dépasse les 370 km. La fin est proche. On tourne une première fois à droite puis une seconde et au bout de la rue nous y sommes ! Il est un plus de 1 heure du matin et je vais enfin pouvoir savourer cette fameuse douche à laquelle je rêve tant. Roland et Christiane installent pendant ce temps le camping car pour notre dernière nuit.
Une fois douché je reviens au camping-car pour manger un peu et pour échanger quelques mots avec Valex et Sabine qui ont eu la gentillesse de veiller aussi tard pour être en notre compagnie. Il est plus de 2 heures du matin lorsque je me glisse pour la dernière fois dans mon duvet. Dans quelques heures il sera temps de remonter en selle pour la dernière ligne droite. Mais pour l’heure, silence, dormons…
A suivre…
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